Pour ceux qui s’interrogeaient sur la définition de la "méthode" du "doigt mouillé" par les sondeurs, un "ancien" vend (presque) la mèche. Voici comment Roland Cayrol, retiré de CSA avec profits mais pas des plateaux de télévision, répond à la question d’un téléspectateur sur les divergences entre sondeurs. Une explication vaguement confuse, mais livrée en toute bonhomie, des bricolages à l’intuition des intentions de vote :
Yves Calvi (France 5) : "Pourquoi autant de décalage entre l’Ifop et BVA ?"
Roland Cayrol : « Y en a probablement quand ils font leurs mesures qui ont plus raison que d’autres. Je crois que la technique est une explication médiocre parce que les techniques sont assez au point, partout, et elles se ressemblent énormément. Mais, par exemple, il y a un problème d’attitude scientifique devant des données d’enquêtes. Vous êtes sondeur, vous recevez ce que l’on appelle une vague d’enquête. Vous avez vos résultats qui ont été redressés, etc. Vous constatez que ça bouge beaucoup par rapport à la semaine dernière. Comme vous êtes quelqu’un qui a l’habitude que ça ne bouge pas beaucoup, vous vous dites : est-ce que c’est normal que ça bouge tant ? Il y a deux attitudes possibles...qui sont deux attitudes rigoureusement admissibles.
L’une qui est de dire : bon ben....c’est mes données, il y a peut-être un biais d’enquête cette fois-ci, mais je les reflète. Si ça revient la prochaine fois, les trois points de plus ou les trois points de moins...et ben je recorrigerai. Parce qu’il s’est juste passé quelque chose quand même, si je les ai.
Et puis vous avez une autre attitude qui est : non ce n’est pas possible, j’ai sûrement un biais d’enquête, l’opinion ne bouge pas si vite donc je « lisse », comme on dit. Je prends, admettons, la moitié des mouvements. Et si ça se produit encore la prochaine fois, alors je mettrai l’ensemble du mouvement. Cela a l’avantage que c’est plus prudent, ça a l’inconvénient qu’on risque de manquer les moments où il se passe quelque chose ». ("Complot, insulte, coups bas, etc.", C dans l’air, France 5, 6 mars 2012).