observatoire des sondages

Les sondeurs subventionnés

jeudi 25 août 2011

On savait le pouvoir sarkozyste favorable aux sondeurs au point de mettre un veto à toute tentative de les contrôler. La dernière démonstration législative avait été le travail systématique du rapporteur UMP de la commission des lois de l’Assemblée nationale pour vider la proposition sénatoriale de toute substance (1er juin 2011). Entreprise réussie sans subtilité superfétatoire. On croyait être totalement édifié. Pourtant, les sondeurs sont encore plus écoutés que les critiques les plus alarmistes pouvaient l’imaginer. Le site du sondeur BVA nous livre en effet une information à peine postérieure à l’enterrement de la réforme des sondages (4 juillet 2011). On apprend que ses sondages ouvrent droit à un crédit d’impôt recherche à ses clients.

« BVA agréé Crédit Impôt Recherche

La Recherche et Développement de BVA est reconnue par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, à travers l’agrément Crédit Impôt Recherche. Le Crédit d’Impôt Recherche est une aide publique qui permet de soutenir l’effort de R&D des entreprises : recherche fondamentale, recherche appliquée, développement expérimental. Désormais, toute étude réalisée avec BVA et s’inscrivant dans une démarche de recherche éligible peut donner lieu à un Crédit d’Impôt (jusqu’à 30%) ».

On se souvient des protestations véhémentes des sondeurs opposés à toute intervention publique dans leurs affaires [1]. Il a suffi que la porte soit ouverte à l’un d’entre eux pour retrouver le sens des affaires. En attendant que ses collègues prétendent au même avantage. Ils ne résisteront pas en effet au cadeau symbolique supplémentaire d’une nouvelle caution d’Etat : la qualité scientifique leur est reconnue par une instance mystérieuse. Au passage, on a ainsi un indice éloquent de la représentation que le pouvoir se fait de la science. Ils ne résisteront pas non plus au cadeau économique qui revient peu ou prou à subventionner les sondages. Ils sauront certainement marquer leur gratitude à un pouvoir aussi généreux.


[1Par exemple : « Le législateur n’a pas à dire comment une profession doit travailler », Stéphane Rozès (CAP), ancien dirigeant de CSA, Marianne2.fr, 16 février 2011 ; « Ce n’est absolument pas aux élus de décider comment les instituts doivent faire leurs sondages et quels modes de recueils sont bons ou pas bons », Brice Teinturier (Ipsos), Marketing magazine, avril 2011.

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