observatoire des sondages

Transparence

jeudi 28 avril 2011

Dans la déontologie des sondeurs, il existe un maître-mot : transparence. Comment en irait-il autrement alors qu’ils prétendent dévoiler l’opinion publique et se réclament à la fois de la démocratie et de la science ? Les instances professionnelles ont donc inscrit le principe dans leurs manifestes. L’organisation américaine NCPP [1] a ainsi publié des « standards de publication afin d’assurer que les consommateurs de résultats d’enquêtes qui entrent dans le domaine public ont une base adéquate pour juger de la fiabilité et de la validité des résultats rapportés ». Ce sont les termes repris par le British Polling Council qui vise à « promouvoir la compréhension, parmi les politiciens, les medias et le grand public, de la façon dont les sondages sont effectués et comment les interpréter » et de proposer séminaires, ateliers et conférences de presse. En France, dans son communiqué du 20 juillet 2009, le Syntec Etudes et marketing & Opinion « réaffirme l’impératif de transparence en matière de publication d’études et rappelle les règles déontologiques de la profession ».

Il existe donc un principe incontesté du métier de sondeur. Mais dans la réalité ? Quelques sondeurs célèbrent rituellement la transparence pour s’y opposer comme Roland Cayrol face à la proposition de loi parlementaire sur les sondages : « Une bonne idée donc : donner plus de transparence aux sondages » (Le Monde, 9 mars 2011). D’autres sondeurs ne s’embarrassent pas de bonnes paroles pour s’en prendre à « une nouvelle tyrannie de la transparence » (Jean-Marc Lech, Le Monde, 9 mars 2011). De manière permanente, la non publication des redressements, obstinément défendue au titre de la protection des secrets de fabrication, marque les limites du principe. La confidentialité qui entoure les contrats, les résultats et tout le travail des sondeurs est le signe plus général d’une activité particulièrement opaque. En France plus qu’aux Etats-Unis par exemple. L’opacité reculerait-elle devant les progrès que chaque profession se vante de réaliser dans la presse et dans les séminaires de cadres ? Certes, les sondeurs mettent rapidement en ligne leurs sondages non confidentiels. Sans qu’aucune loi y oblige. A l’inverse, de plus en plus de résultats sont publiés dans la presse sans indications méthodologiques minimales. La publication de résultats sur des strates aux effectifs insuffisants, mais sans les préciser, avec le titre de sondages est un exemple de supercherie croissante. L’opacité, cela devient alors l’affaire des autres. Une excuse ? Quels que soient les principes et les bonnes intentions, il est impossible qu’une activité de plus en plus déterminée par des raisons économiques se convertisse en pratique à la transparence. Sans intervention légale. Toujours professée comme suffisante, l’autodiscipline n’a jamais triomphé de l’intérêt.


[1National Council on Public Polls.

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