L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales a publié quelques heures avant l’annonce de la candidature à la présidentielle de Nicolas Sarkozy (mercredi 15 février 2012), des chiffres mettant en exergue la délinquance perpétrée par les ressortissants étrangers. Les spécialistes de la sécurité de cet organisme [1] au premier rang desquels son président, Alain Bauer, qui ont surtout fréquenté les milieux politiques et policiers d’extrême droite, ont donc décidé de contribuer à la campagne du président sortant. Il est vrai que l’octroi de la chaire de criminologie du CNAM, au grand dam des scientifiques, méritait bien de la part du président de l’ONDRP un renvoi d’ascenseur. Et pour cela on ne reculerait pas devant une présentation biaisée des chiffres, exemple à l’appui :
Pour l’année 2011, 17,3% des personnes mises en cause pour des atteintes aux biens (vols, etc.) sont de nationalité étrangère, soit une augmentation de 48,3% par rapport à 2008 nous dit l’ONDRP. Et ajoute-t-il, parmi ces étrangers le nombre de ressortissants roumains est en forte augmentation (95%).
« On sait cependant que les Roumains, les Algériens, les Marocains, les ex-Yougoslaves et les Tunisiens représentent à eux seuls 50 % des mis en cause » (Alain Bauer, Le Figaro, 14 février 2012) .
Rappelons juste que les chiffres de l’ONDRP sont basés sur les arrestations effectuées par les forces de police. Ils ne reposent en aucun cas sur des condamnations prononcées par la justice. A titre d’illustration, si entre 2008 et 2010 les arrestations d’étrangers pour les atteintes aux biens sont passées de 11,5% à 15%, la proportion des étrangers condamnés (crimes et délits confondus) a elle faiblement augmenté, passant de 11,8% à 12,6% (cf. Les condamnations 2010, Ministère de la Justice, 28 décembre 2011). Par ailleurs, entre 2006 et 2008 le chiffre d’étrangers mis en cause par les forces de police a au contraire baissé de 12,8%. Ce que se garde bien de rappeler l’ONDRP, sauf à considérer ce recul comme le résultat d’une baisse de la motivation policière à lutter contre la délinquance. Mais alors qu’en est-il de l’augmentation annoncée pour l’année 2011 ? Autre point, mais des non des moindres, "oublié" par l’ONDRP, les statistiques de la délinquance fournies par les services de police ne prennent pas en compte des données socio-économiques et démographiques élémentaires (âge, niveau d’éducation, etc.). En l’absence de telles données attribuer à la nationalité un rôle additionnel dans la délinquance, quant il ne s’agit pas d’établir un lien direct relève de l’imposture.