observatoire des sondages

Comment Opinion Way truque un sondage

dimanche 31 mai 2009

Aux ordres de l’Elysée, l’officine de sondage Opinion Way – Opinion ElyseWay - est tellement aux ordres qu’elle vient de se livrer à un trucage. Le Figaro du 30 mai 2009 publie un sondage en ligne sur la confiance à l’égard des dirigeants européens dans plusieurs pays. A la une, il n’est question que de Nicolas Sarkozy. On apprend en page 3 que la chancelière Angela Merkel le devance. Qu’importe puisque seul Nicolas Sarkozy importe. Cela est d’ailleurs inscrit dans la fiche technique du sondage. L’échantillon de plus de 4000 internautes « couvre » quatre pays : Allemagne, Grande Bretagne, Espagne et Italie. Nous passerons sur la méthodologie revendiquée du sondeur en ligne, qui est une insulte à la méthodologie scientifique, pour nous arrêter à un vice caché.

Tous les dirigeants ne sont pas traités de la même manière : les internautes sont interrogés sur leur dirigeant national… sauf Nicolas Sarkozy. Comme la fiche technique l’indique, il n’y a pas d’échantillon français. Or, l’égalité exigerait que les Allemands ne soient pas interrogés sur Angela Merkel comme les Français sur Nicolas Sarkozy, ou que les Français soient interrogés sur Angela Merkel comme les Allemands l’on été sur Nicolas Sarkozy. Et ainsi de suite. A quoi bon ? Cette « erreur » est éclairante : il ne s’agissait que de Nicolas Sarkozy. Les autres dirigeants ne sont que des faire-valoir. En outre, les Français auraient fait baisser son taux de confiance. Ainsi un sondage truqué peut-il être mis sur la place publique à des fins de propagande en pleine campagne pour les élections européennes.

Le trucage est-il délibéré ou involontaire ? Probablement, les truqueurs n’ont-ils pas eu pleinement conscience de ce qu’ils faisaient. Ils étaient en effet occupés par leur objectif de fournir un bon sondage pour Nicolas Sarkozy et les listes UMP. C’est en effet moins la tricherie qui est grave que le système qu’elle révèle un peu plus. Le pouvoir politique contrôle un institut de sondage en ligne, économique et rapide, qui répond à ses demandes. Aux mains des amis du Président, la presse gouvernementale publie les résultats. Quant aux sondeurs concurrents, ils ne protesteront pas publiquement tant ils sont eux-mêmes dépendants des commandes d’Etat.
L’Elysée et ses alliés expérimentent le dispositif qui doit les faire gagner en 2012. Cela ressemble de plus en plus à un dispositif totalitaire.

A suivre....

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