Les sondeurs américains ont adopté une posture de transparence relative qui contraste avec celle de leurs homologues français. Ainsi, le Pew Research Center vient-il de livrer une étude sur le taux de réponse aux sondages (voir le tableau ci-dessous [1]). Elle confirme une longue et forte baisse de ce taux dans les enquêtes par téléphone qui, de 36 % en 1997 (moment où la baisse était amorcée depuis une dizaine d’années) est passé à 9 % en 2012. On pourrait d’ailleurs remarquer que ces deux chiffres sur les « contacts réussis », c’est-à-dire où l’interview est mené à son terme, sont probablement surévalués car il concerne un « institut » très connu dont les contacts ont toutes chances de susciter plus d’acceptation que les appels de concurrents moins connus.
1997 | 2000 | 2003 | 2006 | 2009 | 2012 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Taux de contact réussi [2] | 90% | 77% | 79% | 73% | 72% | 62% |
Taux de coopération réussie [3] | 43% | 40% | 34% | 31% | 21% | 14% |
Taux de réponse [4] | 36% | 28% | 25% | 21% | 15% | 9% |
Bien sûr, le PRC conclut que cette baisse n’affecte pas ses résultats et donc que la qualité ne baisse pas. Elle le fait à partir de comparaison avec des enquêtes publiques pour lesquelles les taux de réponse sont très élevés (environ 75 %). D’autres, ayant adopté les sondages en ligne, ont défendu le maintien de la qualité en comparant leurs sondages avec des sondages par téléphone. Il faut être convaincu pour croire. Selon le PRC, le biais volontariste qui amène des personnes ayant des prédispositions à l’engagement civique à répondre plus que les autres n’aurait pas de conséquences. Sur les items envisagés, cela est vrai… le plus souvent mais il faut remarquer que les questions tests portent seulement sur des conduites objectives (propriétaire, marié, ayant des enfants, fumeur, etc.) et non sur des opinions. Cela est significatif alors que l’interrogation initiale concerne la fiabilité de la mesure des intentions de vote. Une conduite ou une opinion ?
Or, la baisse de rendement peut ne pas affecter (trop) la distribution des variables sociologiques et les plus objectives et en même temps être due à des « changements sociétaux et technologiques » comme l’assure le PRC mais à des changements des attitudes politiques et directement à une hostilité croissante à l’égard des sondages. Il est manifeste que cette hostilité est politiquement déterminée et implique des biais pour les résultats concernant des opinions politiques. Il serait absurde de prétendre le mesurer dans une enquête par sondage puisqu’il faudrait pour voir évaluer l’existence de biais eu égard à un échantillon représentatif de non répondants… par ailleurs face à cette baisse persistante du taux de réponse, une question lancinante demeure imposée par le raisonnement logique : quel est le seuil en deçà duquel apparaîtraient des biais. Pas 9 % selon le PRC. Alors, 5 % ? 1% ? On n’envisagera pas l’hypothèse absurde de 0 %. D’ici là, les sondeurs auront adopté universellement d’autres incitations que le volontarisme pour trouver des sondés. Ils l’ont déjà entrepris en les rémunérant.