Longtemps sous-estimé par les sondages sur les intentions de votes du fait de coefficient de redressement insuffisant (les sous-déclarations des sondés se combinant aux effets multiplicateurs des sondeurs), le FN n’avait pas de mot assez dur pour (contre) les sondages, ne manquant jamais une occasion de marquer son mépris :
- Juin 2009 (à propos du score du FN aux élections européennes, Europe 1, 7 juin 2009)
Marine Le Pen (présidente du FN) : « Les élections européennes ne sont pas nos élections de prédilection. Vous n’avez eu de cesse pendant un an et demi d’expliquer que le Front National était mort. Évidemment en terme de mobilisation de l’électorat c’est pas très simple ».
Europe 1 : « Donc ce n’est pas de votre faute c’est de la faute des médias ».
Marine Le Pen : "Oui en gros et en partie y compris de la faute de Monsieur Teinturier [1] d’ailleurs, et du scandaleux sondage à 4% qui a visé à démobiliser notre électorat à deux jours de l’élection.
- Mars 2012 (durant la campagne de l’élection présidentielle, Reuters, 31 mars 2012)
Marine Le Pen : « Je me méfie des sondages, je crois à la rue ».
- Mars 2014 (à propos des sondages d’intentions de vote des élections municipales, BFM TV, 27 mars 2014)
Marine Le Pen : « Vous continuez à travailler avec le CSA ? [2], cet institut qui s’est planté lamentablement au premier tour ? Non mais je veux dire, il faut qu’ils fassent autre chose : éleveurs de moutons dans le Larzac ou quelques chose comme ça ».
Il aura suffit que « le vent tourne » à l’occasion des élections européennes ou abstention aidant et sur-déclarations protestataires des électeurs présumés du FN pour que les mêmes dirigeants du FN se vantent d’être le « premier parti de France » [3]. Il est vrai qu’il s’agit moins de dire une vérité que de la faire advenir. En somme un mélange d’espérance, de prophétisme et de vanité. On rappellera donc simplement qu’il ne suffit pas d’arriver en tête de la course des chevaux des sondages pour être le premier parti. Il ne suffit même pas des votes réels surtout dans certaines consultations biaisées par l’énorme abstentionnisme. Et encore, faut-il rappeler également que l’importance d’un parti ne se mesure pas seulement à ses votes, pas forcément stables, mais à son organisation, à ses ressources sociales et intellectuelles, à ses militants. A cet égard on pourrait dire du FN et de ses dirigeants, ce qu’on dit de ces adeptes du culturisme, qu’ils font de la gonflette.