Pour la première fois, un chef d’Etat a justifié son maintien au pouvoir par rapport aux sondages d’opinion. Interrogé sur son impopularité record, François Hollande a rappelé qu’il avait été élu pour cinq ans : « Je suis à mi-mandat et il n’y a pas de sondage, aussi difficile soit-il, que je regarde en face, qui puisse interrompre le mandat que donne le peuple au président de la République »(AFP, 5 septembre 2014). Bien sûr, nul ne croit les politiques lorsqu’ils prétendent rester indifférents aux sondages. Il est vrai qu’ils sont particulièrement cruels pour François Hollande dont les cotes de confiance sont si basses qu’elles portent à l’ironie, dont la déroute électorale est déjà annoncée pour 2017. Sans doute, les sondages n’ont aucune force pour conduire un président vers la démission. La constitution n’en parle pas. Et les gouvernements n’ont pas voulu encore réguler sérieusement cette industrie d’information malgré les dérives dont on voit aujourd’hui les progrès.
Le Président de la République française se justifie donc face aux opinions recueillies en dépit de toute condition réelle, sans campagne électorale, en expérimentant des hypothèses artificielles (par exemple l’Ifop annonçant la défaite de François Hollande contre Marine Le Pen, plus de deux ans avant et selon une confrontation improbable, cf. Marine Le Pen présidente : l’intox continue). Un jeu de fiction en somme. Il répond encore à des opinions rémunérées puisque ces sondages sont effectués en ligne. Grande victoire des sondeurs encore puisque la presse reprend massivement les fausses informations.
Les sondeurs s’en réjouissent évidemment. Ce n’est que la récompense d’un travail systématique d’intervention partisane (les sondeurs et les médias concernés ne sont pas neutres) et d’auto-promotion (sondeurs et journalistes politiques se sentent faiseurs de rois). Il reste une bataille à mener pour parachever la victoire : la démission d’un président de la République.