Université. « Les Français approuvent le mouvement, pas les blocages » (Le Monde, 14 avril 2009)
La manie de faire des sondages sur les mobilisations n’est pas innocente qui vise à casser les mouvements sociaux en démontrant leur impopularité. Cela ne marche pas toujours comme on l’a vu avec les réponses imprévues sur les séquestrations de cadres du secteur privé.
Encore faut-il que les commanditaires fassent connaître les résultats des sondages. Quand ce sont des ministères qui font appel à une entreprise de sondage payée avec l’argent public, on peut s’attendre à ce que seuls les « bons » résultats » soient publiés.
Au bout de plusieurs mois de mobilisation dans les universités, le ministère de l’enseignement supérieur a donc commandé un sondage à OpinionWay, récente officine créée par des proches de l’UMP et spécialisée dans les sondages par internet. Cette technique ajoute encore aux doutes sur la fiabilité d’enquêtes concernant l’actualité. En l’occurrence, le recours à internet ne permet pas d’assurer des conditions de représentativité des échantillons. Il devient ainsi absurde de produire des pourcentages sur « l’opinion des Français ». Pour cette raison, la commission des sondages ne reconnaît pas ces enquêtes comme des sondages qu’elles ont légalement compétence à contrôler.
Quand un journaliste de la cellule Education du journal Le Monde, Benoît Floc’h, reproduit quelques indications de cette enquête, il devrait mentionner qu’il s’agit d’un sondage par internet. En ne le faisant pas et en relayant les indications les plus favorables au ministère, il trahit au moins son incompétence. Il donne un solide argument supplémentaire à ceux qui ont mis en cause la couverture du mouvement universitaire par le Monde. Les critiques peuvent à bon droit suspecter ce mélange de parti pris et d’occultation qui entre dans la recette des manipulations.