Lundi soir 19 novembre 2012, Jean-François Copé a été proclamé président de l’UMP à la suite d’un imbroglio électoral qui continue et qui doit d’ores et déjà figurer dans les annales du ridicule politique. Les sondeurs y sont habitués et s’en remettent toujours. Ils y ont d’ailleurs participé une nouvelle fois. Ils avaient annoncé un autre vainqueur : François Fillon. Avec des échantillons de sympathisants UMP et non d’adhérents pourtant seuls à pouvoir voter. L’écart leur paraissait si important qu’ils ne croyaient pas que leur favori puisse perdre.
« Nous sommes à 65% de sympathisants UMP qui souhaiteraient que François Fillon soit le président de l’UMP contre 33% pour Copé ça n’a plus beaucoup bougé ces dernières semaines alors évidemment c’est toujours la même chose : théoriquement les militants les adhérents peuvent complètement invalidés le choix des sympathisants, ce serait tout de même extrêmement étonnant compte tenu des différences qui existent entre ces deux candidats », (Céline Bracq, BVA, L’Express, 12 novembre 2012, à propos du Baromètre BVA-L’Express-Orange-France Inter).
« On peut se demander aujourd’hui si la mesure auprès des sympathisants est conforme à l’avis des militants, et plus spécifiquement des plus actifs qui seront sans doute les seuls à voter (...) Pour Fillon, on pense que, comme cela avait été le cas lors de primaires socialistes, les sondages seront proches de la réalité. L’écart est très conséquent aujourd’hui. Il peut se resserrer mais la tendance aura du mal à totalement s’inverser », (Jérôme Fourquet, Ifop, Atlantico.fr, 31 août 2012).
Les chiffres ont des effets sur les croyances :
« Nous pensions, au vu de sondages, que François Fillon l’emporterait largement », (Bernard Debré, député UMP de Paris, Reuters, 18 novembre 2012).
Même chez ceux qui avaient des raisons d’y croire encore :
« Il y a un prisme journalistique qui veut que le match soit déjà plié. Je pense au contraire qu’il va y avoir une surprise. Ce sont les 300.000 militants UMP qui sont appelés à voter et non les 16 millions de sympathisants testés par les sondeurs », (Jean François Copé, AFP, 7 novembre 2012).
En réalité, l’effectif des sondés sympathisants UMP s’établissait à 400 personnes environ, ce qui est notoirement insuffisant. Loin de pouvoir légitimer une extrapolation statistique des 16 millions de sympathisants testés par les sondeurs dont parle Jean-François Copé. Et puis, il fallait aussi compter avec les fraudes mais cela "on" ne pouvait le dire.
Prédiction électorale ? Raté. Les sondeurs sont d’ailleurs très discrets depuis quelques jours. Pas pour longtemps.