observatoire des sondages

Marges d’erreur, pour quoi faire ?

samedi 17 juillet 2010

La marge d’erreur est un grand sujet de débat sur les sondages. Certains réclament qu’elle soit indiquée avec chaque sondage. Une réclamation fort peu difficile à satisfaire puisque des sondeurs mentionnent déjà cette marge de 2 à 3 % pour des échantillons de 1000 personnes environ. On attend qu’ils le fassent pour les échantillons moindres (par exemple au-dessous de 500 personnes) qu’ils utilisent aujourd’hui dans de nombreux cas. La mention serait édifiante. Toutefois, la marge d’erreur fait beaucoup de bruit pour rien. Elle est calculable dans les seuls échantillons aléatoires et non pour la méthode des quotas, appliquée en France et dans quelques autres pays, alors que si l’échantillon était parfaitement représentatif, il ne devrait pas y avoir de marge d’erreur . Les statisticiens ne sont pas tout à fait d’accords. Il reste que le calcul de cette marge n’est pas possible à partir des lois de probabilité. C’est donc par assimilation à des normes valables pour des échantillons aléatoires que l’on évoque et indique des marges d’erreur pour les sondages par quotas. Last but not least, qu’est-ce qu’une erreur de 2 ou 3 % quand les sondages produisent des erreurs tellement plus importantes par les effets des divers biais de méthode, sans qu’on puisse les évaluer précisément ?

Pourquoi se passionner, ou presque, pour une question presque futile ? Plusieurs intérêts convergent en ce sens :
-  Les sondeurs se donnent une apparence de technicité en se plaçant sur le terrain de l’exactitude, même relative. Le débat sur la marge d’erreur opère alors comme une diversion.
-  Les statisticiens sont flattés qu’on les interroge, pour une fois, dans un débat grand public.
-  Enfin, les politiciens pour lesquels le seuil de majorité est si stratégique, l’exactitude importe d’autant plus qu’elle se situe autour de 50 %. Par assimilation aux sondages électoraux, toute leur perception est jugée à cette aune même si les autres sondages politiques s’en différencient nettement ne serait-ce que par l’impossibilité des corrections de chiffres bruts.

Un faux débat, ou plutôt un débat secondaire, donc qui a des raisons de durer, non pour des raisons méthodologiques mais pour des raisons politiques.

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