Les sondages d’intentions de vote sont censés gagner en plausibilité au fur et à mesure que la date de leur réalisation se rapproche de celle du scrutin. A Marseille, par exemple, le maire sortant Jean-Claude Gaudin, devancé il y a encore peu de temps est maintenant annoncé gagnant au premier et au second tour (BVA-Le Parisien, 10 mars 2014), et Metronews de titrer : « Quand Mennucci voit la mairie de Marseille s’éloigner » (10 mars 2014). Si la presse dans son ensemble reprend largement l’information, Le Parisien commanditaire du sondage préfère jouer la carte classique du suspense affirmant que le « rival » de Jean-Claude Gaudin « peut encore le rattraper » (Le Parisien, 10 mars 2014). Inutile de chercher un quelconque argument plaidant pour ce cas de figure, il n’en donne pas. Sans parler de cette éventualité les raisons de l’inanité de telles annonces ne manquent pourtant pas.
L’élection du maire de Marseille, il importe de le rappeler, n’a pas lieu au suffrage universel direct. Le résultat de BVA procède de l’agrégation des intentions de sous-échantillons interrogés pour chaque arrondissement, 8 au total. Or leurs effectifs sont tout simplement ridicules et non homogènes, 505 personnes pour le 3e arrondissement, réputé stratégique pour la victoire finale, et 72 environ pour les 7 autres [1]. En outre dans le 3e arrondissement 20 % des personnes interrogées pour le premier tour, et 21 % pour le second, ont refusé de révéler leurs intentions de vote, et 18% pour les premier et deuxième tour dans les autres arrondissements. On comprend mieux alors la « prudence » du sondeur qui n’exclut pas « malgré son mauvais score que la gauche l’emporte ».