Il semble qu’il faille se résigner à considérer les différents baromètres et cotes de popularité comme des mesures d’impopularité des gouvernants si ce n’est de tous les acteurs politiques. Les mauvais indices s’alignent ainsi d’années en années ne laissant guère de surprise sinon de battre les records. Il est vrai que par temps de crise, de chômage, de baisse du pouvoir d’achat, etc. on peut se demander si cela aurait du sens d’apprécier les dirigeants et de croire à leur efficacité. Néanmoins, les sondeurs posent imperturbablement leurs questions. Mais que mesurent-ils ? Le jugement sur les personnes si on en croit les commentateurs politiques qui dissertent à l’envi des hauts et surtout des bas, interprètent les faits et gestes comme des tactiques pour remonter dans l’opinion et ne se privent pas de donner des leçons. François Hollande s’est-il rendu en Bourgogne pour faire remonter sa cote de popularité ? Un contrat de vente d’avions a-t-il été signé à l’Elysée pour la même raison ? [1]. On peut le craindre. En partie sans doute. C’est une affaire de croyance dans l’existence de la popularité et dans la valeur des indicateurs chiffrés. Et l’on peut supposer que le milieu politique croit plus ou moins à ces choses. Cela empêche-t-il de gouverner, voire d’être réélu ? Seulement si on croit que cela peut avoir des effets.
Sans s’interroger sur une popularité qu’on aurait du mal à la définir, sinon pour dire que c’est ce que mesurent les cotes de popularité, il faudrait décomposer plusieurs réactions :
celles à l’égard des personnes citées (il y a assurément une corrélation entre l’opinion sur les personnes et les préférences partisanes)
celles à l’égard des dirigeants en général ou la classe politique (l’impopularité des gouvernants peut être parallèle à celle des opposants)
celles à l’égard de la politique comme solution pour régler ses propres problèmes des sceptiques et des méfiants (le cynisme populaire [2]).
celles à l’égard de la politique comme solution générale pour régler les problèmes du monde (une posture qui peut être philosophique)
celle de toute personne qui étant interrogée se sent plus justifiée à répondre si elle a quelque chose à dire (un artefact sondagier en somme).
Saurons-nous jamais ce que veulent dire ces opinions qui alimentent la logorrhée ? Il est bien entendu possible de faire une véritable enquête. Mais si l’on savait, pourrait-on encore commenter ?