observatoire des sondages

Où sont passés les Parisiens ?

mercredi 12 mars 2014

Pour la quatrième fois en 9 mois un sondage d’intentions de vote à une élection locale (les municipales à Paris) a été réalisé en ligne (Ifop-Fiducial-Paris Match-Public Sénat-Sud radio, 12 mars 2014). Il donne la victoire finale, au second tour, à la liste du PS-PC-PRG-EELV conduite par Anne Hidalgo (53%) au détriment de la liste UMP-UDI-Modem conduite par Nathalie Kosciusko-Morizet (47%).

Cette opération suppose de sélectionner les adresses du panel national du sondeur. Sélection à laquelle la CNIL trouvera peut-être matière à observation. A la défense du sondeur il faut dire qu’il est particulièrement mal aisé de trouver des Parisiens. Par téléphone, il faut une vingtaine d’appels pour obtenir un questionnaire complet. On comprend donc que le sondeur se replie sur internet, encore que cela ne semble pas si facile puisqu’il a fallu dans le cas présent 5 jours pour obtenir les réponses des 1053 personnes de l’échantillon retenu. Autant d’efforts pour un sondage qui recèle tous les biais que nous avons précédemment pointés :

- L’élection du maire de Paris (comme à Marseille ou Lyon) n’a pas lieu au suffrage universel direct. Le résultat final n’est qu’un bricolage « maison » agrégeant les sous-résultats obtenus dans chaque arrondissement.
- aucune indication d’abstention.
- aucun mention de refus d’exprimer une intention de vote.
- la taille des sous-échantillons d’internautes interrogés par arrondissement est « microscopique » (52 personnes env.). Par conséquent les résultats par arrondissement n’ont déjà à la base aucune valeur statistique.

Tout cela ne vaut donc « pas grand chose », voire moins, il faut d’ailleurs saluer la franchise du sondeur (et, ou de l’AFP ?) qui le reconnait également : « Les résultats doivent être pris avec précaution, compte tenu de la spécificité du scrutin parisien, où les électeurs élisent dans chaque arrondissement des conseillers de Paris, qui eux-même élisent le maire » (AFP, 12 mars 2014).

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