« Le moral des Français au plus bas », selon un sondage Ifop-Dimanche Ouest France qui nous cueille le premier jour de septembre [1]. 68 % d’entre eux seraient très pessimistes sur l’avenir. Approchant le record de 70 % réalisé en août 2005. Malgré l’alternance, se risque même l’AFP. A quoi cela tient-il… Face à une information aussi cruciale, on se demande comment faisaient les gens avant les sondages.
Vers 1890, l’historien Ernest Lavisse rendit visite à la princesse Mathilde sur son lit de mort. Cette grande figure du Second Empire, protectrice des artistes et gens de lettres, très pessimiste, un avis dont la forme interrogative - comme certaines questions de sondages - ne cache pas qu’il s’agit d’obtenir une confirmation : « Tout va très mal, n’est-ce pas ? ». Vers 1890, l’ancien précepteur du prince impérial n’avait pas à se plaindre de la République qui en avait fait une sorte d’historien officiel. Il pouvait difficilement approuver, sauf à paraître courtisan, ou réfuter, sauf à paraître partisan. Il eut donc cette réponse que la mesure des sondages n’a pas remplacée : « Princesse, mon expérience de vieil historien m’a appris que tout a toujours été très mal.