On se souvient du sondage sur la popularité européenne de Nicolas Sarkozy, opportunément publié par Le Figaro une semaine avant les élections européennes. Il était doublement truqué avions-nous établi en relevant l’absence de panel français pour le seul président français - alors que l’évaluation des autres dirigeants politiques européens prenait en compte un panel national - et la non considération de la taille des populations européennes. Deux trucages en un sondage pour « prouver » la popularité européenne du président français, cela faisait beaucoup (cf. Comment Opinion Way truque un sondage I et II, Qu’est-ce qui cloche ? Une « une » du Figaro). On avait relevé aussi la non déclaration à la commission des sondages, pourtant obligatoire aux termes de la loi du 19 juillet 1977, et l’étonnant satisfecit de celle-ci quelques jours après la publication du rapport accusateur de la Cour des comptes. On pourrait imaginer que l’affaire dans l’affaire est close.
A quoi bon revenir sur ce détail de l’OpinionGate alors que le sondeur a reconnu son « erreur » ? Avec beaucoup de réticence il est vrai et sur le mode mineur. Nous le faisons parce qu’il ne s’agit pas d’une erreur mais d’une fraude délibérée et que nous sommes en mesure de la décrypter. Il suffisait en effet de trouver les autres questions posées au panel européen d’internautes puisque la popularité de Nicolas Sarkozy n’était qu’une question parmi d’autres. Or, en la retrouvant dans un sondage ayant quasiment les mêmes dates, et à l’unité près les mêmes effectifs, nous pouvons assurer que le panel français a bien été interrogé sur la popularité de Nicolas Sarkozy. Cela signifie que les résultats obtenus ont été enlevés du calcul, ou non intégrés à ce dernier car défavorables, contrairement aux autres dirigeants européens, pour fabriquer la popularité européenne du président de la République. De même, la proportionnalité des populations (la population allemande est par exemple double de la population espagnole) était bien prise en compte pour les autres questions. Nous pouvons ainsi préciser le modus operandi du trucage : il a fallu sortir la calculette. Il a d’abord fallu exclure le panel français pour faire passer la popularité de Nicolas Sarkozy au-dessus de 50 % et ensuite ne pas prendre en compte les tailles des populations pour rester juste au-dessus du seuil des 50 %.
Le résultat méritait la une du Figaro du 30 mai 2009 : « Sondage : une majorité d’Européens ont une bonne opinion de Sarkozy ».