L’intervention télévisée de François Hollande sur Tf1 le 9 septembre 2012 n’a pas été suivie d’un post-test. Or, toutes les interventions télévisées des chefs d’Etat ont été "post-testées" depuis 10 ans. Quelques commentateurs ont attribué cette absence à une décision de François Hollande, qui s’était engagé durant la campagne électorale, à mettre un terme à la consommation addictive de sondages instaurée par Nicolas Sarkozy (cf. Le Parisien, 13 septembre 2012). Explication plausible, qui sous entend explicitement que tous les post-tests publiés par la presse évaluant les « performances audiovisuelles » de Nicolas Sarkozy lors de son mandat ont été commandés et payés par l’Elysée. Si l’on se rapporte aux notices détaillées de ces sondages, aucune ne mentionne comme commanditaire ou payeur la présidence de la République mais les journaux qui les ont publiés. Les sondeurs ainsi que la presse ou une partie d’entre elle nous auraient-ils donc menti ? Les journaux n’auraient-ils donc été que les prête-noms de l’Elysée et de son « locataire » de l’époque ? Curieuse pratique qui rappelle les révélations de la Cour des comptes dans l’OpinionGate. Il faut en outre rappeler que les post-tests effectués sur ce type d’intervention médiatique sont par « essence » biaisés, car ceux qui les regardent sont plus volontiers favorables à ceux qui y participent. On comprend alors l’intérêt à financer ce type de sondage mais également à éviter d’apparaitre comme le commanditaire ou le payeur.
Impossible cette fois-ci pour les médias de se lancer dans une comparaison entre les performances de François Hollande et celles de Nicolas Sarkozy, exercice très en vogue depuis la victoire du candidat socialiste à la présidentielle. Les commentateurs, en ont été réduits à une comparaison des résultats d’audiences, largement en faveur de Nicolas Sarkozy, Europe 1 allant par exemple jusqu’à proclamer sur la page d’accueil de son site internet : « Audiences TV : Hollande encore battu par Sarkozy » (10 septembre 2012). La rédaction de la radio a eu cependant la décence de rappeler que les interventions du précédent chef de l’Etat étaient diffusées sur plusieurs chaînes de télévision, pas moins de 9 pour celle du 29 janvier 2012.
La frustration a poussé la rédaction de l’Express à ressusciter pour l’occasion la vieille méthode du vote de paille, consistant à demander aux internautes visitant le site du journal de se prononcer sur la prestation du président de la République. Et le magazine de conclure : « François Hollande a tenté de répondre aux inquiétudes des Français en fixant "le cap et le rythme" de son quinquennat. Mais il est loin de faire l’unanimité chez les internautes » (10 septembre 2012).
En promettant une « pratique raisonnée et raisonnable » en matière de sondage Philippe Guibert, le nouveau directeur du SIG, a toutefois semble-t-il rassuré les sondeurs qui ont fait part de leur soulagement dans les colonnes de l’Express (17 septembre 2012) : « Les enquêtes d’opinion sont donc essentielles à la conduite des réformes qui doivent se faire avec le peuple ».