Une proposition de loi (n° 1437) prévoyant une pénalisation de la prostitution par une amende de 1500 euros à l’encontre de tout client de prostitué va être présentée à l’Assemblée nationale le 27 novembre 2013. Un sondage TNS-Sofres qui n’a pas défrayé l’actualité malgré le relais de l’AFP qui sous le titre, « Seul un Français sur cinq favorable à la pénalisation des clients des prostituées », précise que « trois quarts des Français (73%) estiment que la lutte contre la prostitution passe par la responsabilisation des clients de prostituées » mais que seule une minorité approuve une amende contre les clients (22 %). Comment a été effectué ce sondage ? La notice méthodologique de l’AFP ne mentionne que l’effectif de l’échantillon (1000 personnes interrogées), constitué selon la méthode des quotas. On ne saura donc pas si le sondage a été effectué par téléphone ou par internet. Le site du sondeur n’a toujours pas publié le sondage, le site du ministère des droits de la femme non plus. Pourtant, ce ministère est le commanditaire du sondage. Et la ministre a manifesté son soutien à la proposition de loi. Faut-il voir là une discrétion opportune, les espérances investies dans « l’opinion publique » ayant été déçues ? Qu’en aurait-il été si les résultats avaient été favorables ? On peut le deviner à la lecture d’une tribune publiée dans le quotidien Le Monde par un collectif d’élus et anciens élus favorable à la pénalisation : « Désormais, comme l’indique clairement le récent sondage TNS Sofres, quatre Français sur cinq estiment que la loi actuelle n’est pas suffisante pour faire reculer ce fléau que constitue la prostitution. Et ce sont trois Français sur quatre de nos concitoyens qui pensent que la priorité doit être donnée à la responsabilisation du client sans lequel aucun réseau ne prospèrerait avec son cortège de profit, de souffrance et d’aliénation » (cf. Prostitution : il faut interdire l’achat d’actes sexuels, Le Monde, 6 novembre 2011). Responsabilisation, qu’entendaient par là les sondés ? Rien d’aussi peu clair. Par contre, aucune mention n’est faite à leur hostilité à la pénalisation des clients. Bref, un usage mensonger d’un sondage. On connaît l’attitude habituelle des politiques à l’égard des sondages, s’en réclamant quand ils sont favorables et les refusant quand ils sont défavorables. Il existe une autre solution, faire comme s’ils étaient favorables quand ils ne le sont pas.
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