Que retenir des sondages qui nous montrent les réticences à l’égard des affirmations scientifiques ?
Exemple :
Une courte majorité d’« Américains » (51%) doute que le Big Bang survenu il y a quelques 13,8 milliards d’années est à l’origine de l’univers, selon un sondage réalisé par GfK et l’Associated Press (The Atlantic, 21 avril 2014). Dans ce sondage, les doutes de la population augmentent dans le cas de théories scientifiques éloignées de la réalité concrète ou pouvant contredire des convictions religieuses ou politiques. Les « Américains » sont par exemple 42% à ne pas faire confiance à la théorie de l’évolution, et 37% à douter du fait que le réchauffement climatique soit la conséquence des gaz à effet de serre produits par les humains.
On pourrait prendre ces questions comme un quiz. Il s’agirait d’évaluer la connaissance des sondés. Comme dans une classe, on passe un examen. Et on constaterait que beaucoup de sondés américains sont ignorants. On devine pourtant qu’on n’évalue pas les connaissances dans un sondage mais qu’on transforme ces connaissances en opinions. Sur le mode mineur, on en conclurait que beaucoup de gens prennent leurs désirs pour des réalités. Sur un mode plus grave, on se demande s’il n’y a pas une perversion à interroger des gens sur des sujets dont ils ne savent rien ? Plus grave encore le faire comme si tous les avis se valaient. Ne donne-t-on pas alors une valeur à l’ignorance ? Après tout, on peut ainsi opposer l’opinion des ignorants au savoir des spécialistes ? Et on peut faire confiance aux premiers pour en faire mauvais usage.