observatoire des sondages

Santé publique : l’Ifop en lutte contre les pauvres

jeudi 11 novembre 2010

L’Ifop s’était déjà illustré cet été par un push poll pousse au crime [1] destiné à soutenir la stratégie sécuritaire de Nicolas Sarkozy, avec les résultats que l’on sait [2]. Cet échec n’est pas de nature, on pouvait s’en douter, à faire renoncer aussi facilement le sondeur à son entreprise, comment l’illustre son « étude » publiée dans Dimanche Ouest-France à propos de l’aide médicale d’Etat accordée aux étrangers au séjour non régulier, autrement dit les sans papiers (7 novembre 2010). Une récente mesure vient de conditionner cette aide gratuite à une participation de 30 euros pour les personnes qui souhaitent en bénéficier. 49% des sondés estiment qu’une participation (sans plus de précision) est justifiée. 31% prônent la suppression pure simple de cette aide et 20% pour son maintien et une totale gratuité.

Réduit à une unique question, ce sondage se veut, chose rarissime, pédagogique et pose les termes du débat. Louable effort de la part de l’Ifop ? Il s’agissait avant tout de ré-acclimater l’idée que dans un contexte de crise, les pauvres et les plus démunis doivent également participer à l’effort collectif, surtout si ce sont des étrangers en situation irrégulière alors que, selon l’Ifop : « les citoyens Français doivent payer une partie de leurs soins » et que le dispositif risquait d’« alimenter l’immigration clandestine ». Les centaines de milliers de bénéficiaires français de la CMU seront ravis d’apprendre qu’ils ne sont plus des citoyens français. Peu importe à l’Ifop en effet que cette mesure n’ait qu’une incidence infinitésimale sur les déficits chroniques de l’assurance maladie, puisqu’il convient avant tout non pas de faire des économies mais de préparer les esprits à la privatisation du système santé.

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