Les sondages sont un outil de conservatisme non point parce que l’invention n’a pas sa place dans un échantillon dit représentatif mais parce que les conditions de rapidité de la passation de questionnaire et leurs règles de rédaction, conçues pour que le plus grand nombre comprenne, amènent les sondés à répéter les mêmes choses. Ainsi dans une situation d’urgence, où il faut répondre du tac au tac, ils se replient-ils sur les plus connus, les plus « évidentes » des réponses proposées. Le mécanisme est le même en politique que dans les cotes de popularité. La traditionnelle cote des popularités des personnalités les plus appréciées des Français a mis Jean Jacques Goldman en tête. Comme celui-ci l’a dit peu après : « ce doit être parce que je ne chante plus depuis 10 ans ». Si les sondeurs avaient la curiosité de proposer les noms populaires de morts comme celui de l’abbé Pierre, le défunt remporterait un nombre appréciable de votes.
Cela n’est-il alors que comique que les sondeurs donnent une image ridicule des sondés ? Cela devient plus grave quand le même mécanisme joue en matière politique. Ainsi, la grande faveur de Nicolas Sarkozy auprès des « sympathisants de droite » a-te-elle des effets directs sur les calculs et stratégies politiques. Elle est son principal atout pour une candidature à la prochaine élection présidentielle et le principal handicap pour ses concurrents. Simplement par ce mécanisme de répétition de sondés placés en situation d’interrogation à se porter sur un nom familier plutôt que sur un nom qui l’est moins. Comme une bon écolier mal assuré se rassure. Ou encore comme on a la réponse préformée avant même d’avoir entendu la question.