Fait-on un sondage en interrogeant toute la population ? La question ne se pose pas sauf si la taille de la population est réduite comme dans une commune ou à … Monaco. Cela vient d’arriver si l’on en croit Nice Matin qui rapportait les éventuelles suites judiciaires d’un sondage de juin 2012 au cours duquel « tous les foyers monégasques » étaient contactés (30 août 2012). Il n’y a que 7634 « nationaux » [1] environ dans la principauté qui se prépare à des élections en 2013. Ce sondage a en effet suscité un tollé. « L’insistance et les questions d’une société parisienne avaient choqué plusieurs monégasques et une vingtaine d’entre eux ont porté plainte au près de la Commission de Contrôle des Informations Nominatives ». Il semble en réalité que ce sont des élus de l’opposition municipale qui ont été « choqués ». Par quoi ? Les questions ? Bien des questions des sondeurs sont indiscrètes notamment sur le vote sans empêcher les sondages. Question de taille alors : avec une si petite population et un taux de rendement de un appel « réussi » sur 10 foyers contactés (dans le meilleur des cas), soit 200-250 personnes environ, la population monégasque n’est pas assez grande pour donner un échantillon représentatif. Il aurait fallu de « l’insistance » aux enquêteurs pour forcer à répondre. Question politique enfin car c’est la communication de listes confidentielles de Monégasques qui semble heurter alors qu’il y a plus de non Monégasques (environ 36 000) que de Monégasques installés sur le rocher. La plainte a été portée devant le procureur général qui a demandé une entraide internationale à la Commission Nationale Informatique et Liberté. Le sondeur était évidemment français. La société OpinionWay, puisqu’il s’agit d’elle, a refusé de répondre ! En principauté, pas de loi du 19 juillet 1977 qui oblige à révéler le commanditaire du sondage. La CNIL a envoyé les pièces au procureur général. On n’aime plus évoquer l’affaire en principauté.
Il faut donc que des Monégasques s’indignent pour qu’une question soit posée en France. Nul citoyen français ne semble en effet s’être plaint légalement de l’indiscrétion des sondeurs. L’anonymat d’une population de plusieurs millions de personnes exclut-il par définition toute transgression des règles légales ? Ni le téléphone ni les sondages en ligne n’offrent pourtant pas cet anonymat. Or les entreprises de sondages semblent bénéficier d’une autorisation implicite et générale d’enquêter sans rendre compte du respect de la loi sinon de celle fort limitée de 1977 à la très laxiste commission des sondages. Il n’en va pas de même pour tous. Les chercheurs doivent demander une autorisation à la CNIL pour chaque enquête. Sauf s’ils sous-traitent le terrain à un institut de sondage.