Il aurait été surprenant que le plus gros producteur de sondages d’opinion français (l’Ifop) [1] n’entre pas dans la danse des sondages éclairs qui frappent l’espace public depuis la démission de Manuel Valls et sa reconduction à la tête d’un nouveau gouvernement, débarrassé de ses composants dits de gauche.
24 heures après la formation de la nouvelle équipe gouvernementale le sondeur publiait sa première « enquête » (Ifop-Fiducial pour Sud radio, 27 août 2014) [2]. Passée relativement inaperçue, les sondés de l’Ifop, présentés comme représentatifs des Français s’y déclarent satisfaits à 60% du départ d’Armaud Montebourg, mais mécontents de la reconduction de Manuel Walls (51%) et de la composition de son nouveau gouvernement (63%), notamment de la présence d’Emmanuel Macron comme ministre de l’économie (30% de mécontents contre 28%, 42% avouant cependant ne pas le connaître suffisamment pour se prononcer. Le sondeur, chose rare, leur a demandé). Seuls les "sympathisants" du Front de gauche déplorent majoritairement le départ de l’ancien ministre de l’économie, et seuls ceux du PS et de EELV (les plus légitimistes du moins) s’estiment satisfaits de la composition du gouvernement exception faite d’Emmanuel Macron (44%). Aujourd’hui, soit 3 jours plus tard, les sondés d’Odoxa [3] « certifiés » eux aussi représentatifs des Français, contredisent ceux de l’Ifop en affichant à 57% leur confiance dans le nouveau ministre (Le Parisien-I Télé du 30 août 2014). Aucun média n’ayant pour l’instant relevé cette étrangeté, les deux sondeurs n’ont pas éprouvé la nécessité de se justifier. On les comprend. Nous pouvons toutefois les dépanner si besoin était : faute à pas de chance.
L’Ifop a toutefois décidé de ne pas en rester là, puisque l’AFP dans son rôle désormais habituel de caisse de résonance des sondeurs, nous annonce 24 heures avant publication que la nouvelle fournée des internautes de l’Ifop estime désormais que le PS ne soutient pas assez le gouvernement (72%, 61% pour les « sympathisants » du PS), qu’il n’a pas de projet pour la France (77%), que ses dirigeants sont médiocres (80%) etc.(Ouest France dimanche à paraitre 31 août 2014).
Nonobstant la stupidité et la malhonnêteté de la démarche qui résident dans l’interrogation de l’ensemble des sondés, et donc forcément des adversaires politiques du PS, on pourrait s’étonner, par exemple du reproche adressé au PS par tout l’échantillon (donc également par des non sympathisants socialistes) de son manque de soutien au gouvernement, à moins d’être, et encore, d’un légitimisme crasse. Mais ça serait déjà donner trop de significations à des réponses données à « la va que je te pousse » contre quelques gratifications à des questionnaires vite faits mal faits.