Première anomalie, mais non des moindres dans le cas présent, l’ensemble du gouvernement n’est pas (encore à ce jour) pleinement constitué qu’Odoxa est déjà parvenu à trouver 48% de sondés jugeant G. Attal, "bon Premier ministre", 1 mois à peine après avoir été nommé. De la faculté de juger... "Grâce" à J-J Goldman et surtout à l’Ifop on sait également depuis longtemps à quoi s’en tenir (cf. par exemple Et encore Goldman : le ridicule ne tue pas ; Le « mystère » Jean-Jacques Goldman).
Autre anomalie, il serait plus exact de parler de tentative d’intoxication tant les chiffres sont ici très loin de parler d’eux-mêmes. Si on peut leur faire dire beaucoup de choses, l’élan de générosité combiné de la presse et des sondeurs dans leurs commentaires et conclusions joue sur une ambiguïté pourtant grossière. Toujours la même : le (pas trop) mauvais, devient bon, l’impopularité devient popularité (cf. à ce propos Petits mensonges entre amis ou De la popularité en politique : l’exemple de Jacques Chirac). Quant à la valse des étiquettes des marchands de popularité pourtant probante (de 39% à 48%) : elle est passée sous silence. On ne saurait faire plus simple, et radical.
Que penser des 48% d’Odoxa transmuté en "personnalité préférée des Français" ? Les 51% qui "restent" sont manifestement des égarés pour Public Sénat ? Comment lire le "prudent" (faussement ?) "Prendre la première place du palmarès des leaders politique" d’Ipsos. Cluster17 et Le Point apportent une première réponse avec leur "courageux" : La nomination surprise du plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Ve République semble séduire les Français. Avec 39% d’opinion favorables ? Tronçonnés en 24 points de sympathie et 15 points de soutien distillés par le sondeur. Avec son "4 Français sur 10 jugent que la nomination de Gabriel Attal à Matignon est une bonne chose pour le pays" (contre 28% et 31% NSP), Elabe semble plus mesuré, il se rattrape avec "Les Français ont une bonne image de Gabriel Attal", compétent (59%) capable d’obtenir des résultats "53%). "Bonne" réponse : en rire (mais à l’impossible nul n’est tenu dit-on).
« Dynamique », « sympathique », « ouvert au dialogue », "compétent", etc., on reconnait bien là les items formatés et prédigérés, sans signification réelle et concrète (cf. De la compétence des politiques : de quoi parle-t-on ?]), qui composent des QCM stéréotypés qui n’engagent à rien, que les vendeurs d’opinion fabriquent et soumettent en permanence à des sondés pleins de bonne volonté qui acceptent de répondre. Contre rémunération mêmes faibles et quelques flatteries de l’égo qui ne coutent rien, bien sûr. Sinon qui peut croire qu’ils peupleraient volontairement les panels, en passe de devenir des usines à trolls comme celles de Toluna opérateur important du secteur qui s’en vante quasi explicitement sur la page d’accueil de son site français [3].
Parler de popularité sur la base de tels instruments sans le moindre doute
pour décréter que G. Attal est « le politicien préféré des Français » c’est parler le langage de la doxosophie, de la politologie. Georges Orwell y aurait vu verrait peut-être de la novlangue sondagière (cf. 1984), Victor Klemperer, une déclinaison de son LTI la langue du IIIe Reich [4], une manipulation du langage. Comment ne pas y songer dès lors qu’il touche au politique ?