Le second tour de la présidentielle a donc été l’occasion d’entendre une fois encore la récitation des sondeurs sur leur infaillibilité, puisqu’en définitive c’est le seul aspect qui les préoccupe et qu’ils consentent à évoquer avec les journalistes toujours aussi prompts à recueillir leurs plaidoyers (cf. ci-dessous 20Minutes, 8 mai 2017).
S’ils ne se sont pas fourvoyés sur l’ordre d’arrivée, une tache à dire vrai facile, ils ont tenté avec l’aide de la presse, toujours aussi allergique aux scrutins à l’issue certaine, de nourrir un faux suspense (pour la presse régionale cf. Le second tour et la presse régionale : « du grand n’importe quoi »).
J-5
Ce faux suspense prend fin avec la prestation télévisée de Marine Le Pen, un ratage providentiel pour les sondeurs toujours heureux de disposer d’une explication « toute trouvée » aux yoyos sondagiers, en l’occurrence ici le « rebond » d’Emmanuel Macron. A J-2 « la dynamique » en sa faveur est de retour (cf. Le Monde, 5 mai 2017) [1]. Au soir du second tour, ils peuvent enfin redire qu’ils ne se sont pas, bien entendu, trompés, et le lendemain se plaindre, à nouveau des « critiques injustifiées » dont ils ont été l’objet.
J-2
Et pourtant. A en croire le directeur général délégué d’Ipsos 2 points est une différence non négligeable. Que conclure alors des différences de 3 à 6 points entre les résultats effectifs et les derniers scores des sondeurs. Que leurs chiffres ne sont pas fiables ? Que leur précision laisse à désirer ? On imagine aisément que des marchands de chiffres ne se laisseront jamais aller publiquement à de tels aveux. On peut même douter qu’ils avouent avoir surestimé de façon « non négligeable » tout au long de la campagne Marine Le Pen (Cf. à ce propos Le FN et la générosité des sondeurs). Quoi qu’il en soit on connait déjà leur réponse parfaitement et involontairement résumée par un journaliste de Europe1, surmené à l’évidence par une campagne présidentielle sans fin :
« Ce qui importe, au final, c’est toujours la lecture que l’on fait des sondages. Et là, experts et sondeurs disent la même chose : ne regardez pas la photo, ni même le chiffre. Ce n’est pas une prédiction, c’est une tendance, c’est l’évolution qui a du sens » (Europe1, 14 avril 2017, cf. Le culte des sondages fait-il perdre la raison ?).
Pour celles et ceux qui souhaiteraient évaluer la précision des sondages et même l’« évolution de la tendance » le tableau de chiffres (mais sans photo) récapitulatifs ci-dessous pourrait néanmoins s’avérer indispensable.
Marine Le Pen | Emmanuel Macron | |
OpinionWay [2] | ||
Elabe [3] | ||
Ifop [4] | ||
BVA [5] | ||
Ipsos [6] | ||
OpinionWay [7] | ||
Ipsos [8] | ||
Ifop [9] | ||
Odoxa [10] | ||
Résultats définitifs [11] |