La presse, on le sait, a un gout immodéré pour le suspense et l’imprévu notamment en matière électorale. Si son incompétence en matière de sondage et plus généralement en sciences sociales n’était pas également chose connue, du moins des scientifiques, on pourrait presque croire que son silence sur la faiblesse des effectifs interrogés, et donc la non représentativité des sondés, n’est que stratégie éditoriale, une combine du métier pour entretenir quelque peu son désir de sensationnel, justifiant titrailles accrocheuses pour faire passer les brouets politologiques au lendemain du scrutin.
Que peuvent bien valoir ? (A titre d’illustration d’une pratique généralisée)
1. Le sondage Ipsos, France Télévisions, France Info et France Bleu Paris paru le 10 mars 2020 donnant Anne Hidalgo en tête du premier tour des municipales à Paris (26%) devant Rachida Dati (23%). Le nombre de personnes interrogées se déclarant certaines d’aller voter s’élève à 457. Rappelons en outre que l’élection du maire de Paris ne s’effectue pas au suffrage universel direct. Le chiffre recueilli est donc déjà en soi le produit d’un autre « savant » bricolage.
2. Le sondage Odoxa, La gazette de Montpellier et le Figaro du 12 mars 2020 annonçant Philippe Saurel vainqueur du premier tour à Montpellier avec 21% des voix mais la plus grande incertitude parmi les suivants, alors que le nombre des sondés s’élève péniblement à 519 personnes [2].
La réponse est dans la question : rien, sauf pour ceux et celles qui en vivent.