Des résultats d’autant moins significatifs au vu des biais qui entachent ce sondage (comme les précédents [1]), qu’aucun commentateur, notamment et évidemment de la chaine, n’a évoqué :
1. La nature de l’échantillon est sujet à caution les réponses des sondés enregistrées étant celles de ceux qui s’auto-déclarent « sympathisants LR », une notion pour le moins floue doublée d’auto-déclarations invérifiables.
2. La taille de l’échantillon est notoirement insuffisante : 563 personnes déclarant qu’elles iraient certainement voter extraites d’un échantillon initial de 6266 personnes inscrites sur les listes électorales. La participation est estimée à 9% du corps électoral soit plus de 4 millions de votants, une extrapolation statistique fantaisiste (563 sondés = 4 millions de votants) et un chiffre au regard des expériences passées sur-évalué [2]. Enfin, le sondeur indique dans la notice envoyée à la commission des sondages (conformément à la loi) que le chiffre de la participation a été redressé sur la base de l’élection présidentielle de 2012. Curieuse manière puisque la primaire à droite est une première sans rapport avec ce scrutin. La volonté de transparence du sondeur a toutefois des limites puisqu’il ne communique pas le taux redressement, en violation de la loi 1977 amendée récemment (25 avril 2016).
3. Le sondage a été administré par internet, c’est-à-dire le mode le moins fiable qui soit (cf. par exemple Sondages en ligne : où est le problème ? OpinionGate (5) ; Petite histoire des méthodes d’enquêtes par sondage). Le paiement des sondés n’étant pas le moindre des biais lié au mode. Rappelons à ce propos qu’Harris interactive, déjà partie prenante de la précédente émission, a initié avec OpinionWay, pour ne pas dire institutionnalisé en France le paiement des sondés. Il est le seul sondeur a encore osé prétendre, y compris à la commission des sondages qui ne dit mot, ne pas payer ses sondés(cf. ci-dessous).
(extrait de la notice détaillée envoyée à la commission des sondages)
Courriel envoyé aux internautes pour les « encourager » à répondre)
Nous lui rappellerons donc que faire miroiter un gain possible de 2000 euros (et parfois beaucoup plus, 7 à 8000€) aux personnes répondant à un sondage, assimilé à un jeu, n’est certes qu’une promesse, qu’il ne manquera toutefois pas d’honorer même si la somme promise est à partager entre les sondés. Qu’il aime manifestement jouer aussi sur les mots mais qu’il paie, bien sûr, ses sondés.
On l’aura compris la direction de l’information de la télévision publique joue elle aussi, en l’occurrence la carte de l’audimat. Cependant une semaine à peine après le conflit qui l’a opposé à une partie de ses journalistes, suite à sa tentative de censure d’un magazine relatif à l’affaire Bygmalion et mettant en cause l’ancien président de la République, la présence de ce dernier, qui avait un temps menacé de boycotter l’émission, apparait plutôt comme un cadeau emballé dans un « joli » sondage. On peut imaginer qu’une partie des journalistes de France Télévision n’est pas dupe de ce genre d’intrigue.