On peut ressentir quelque gêne devant la mise en question de sondages de l’euthanasie. Est-ce bien une question d’opinion ? Et plus encore la même question d’opinion pour tous ? On aimerait que ce fut une question de raison tant la médecine a prolongé les souffrances de fin de vie. Elle a un fort degré de réalité pour ceux qui ont été confrontés à la souffrance des proches. Pour d’autres, c’est une question morale lointaine ? En tout cas, 96 % des sondés sont favorables à une euthanasie pour « certaines personnes souffrant de maladies insupportables et incurables » (Ifop-ADMD, octobre 2014), tandis que 90 % y sont favorables pour les « personnes en état végétatif » (Harris Interactive-Le Parisien, 16 novembre 2014). La différence est presque négligeable même si les questions poussent à la réponse favorable tant le résultat est massif. Il faudrait être insensible pour dire non.
Pourquoi ces sondages ? Dans sa campagne électorale, François Hollande avait pris cet engagement. Pourquoi voter s’il faut encore pousser à la décision comme l’initiative de ces sondages le suggèrent ? Il est vrai que le Comité Consultatif National d’Ethique avait évoqué un « profond clivage ». Les sondages avancent donc cet argument implicite : il n’y aura pas de réactions hostiles violentes comme avec le mariage pour tous ou comme avec l’écotaxe. Un pouvoir frileux a promis qu’un texte serait présenté en mars 2015. Il ne se presse pas. Nicolas Sarkozy proposerait un référendum pour ménager tout le monde. On devine que d’autres proposeraient une commission parlementaire si Georges Clémenceau n’avait pas déjà dit que c’était le meilleur moyen d’enterrer un problème. Cela nous sera donc épargné tant ce serait de mauvais goût. Il est vrai que les mourants et les morts de sont pas un groupe de pression.