Ainsi Les Echos titrent-ils un article sur le rassemblement FN du 1er mai : « FN, les militants se fichent des affaires » (Les Echos, 1er mai 2015). On se serait douté que les manifestants parfois venus de loin, et donc très convaincus, n’allaient pas si facilement changer d’avis sur « leur » parti. La réponse était donc dans la question. Tout juste dans le corps de l’article trouve-t-on une précision plus juste : « veut croire l’un d’entre eux », ce un qui a donné son titre à l’article. Le journal Le Monde s’aventure plus loin : « Les « affaires » n’affectent pas la progression de l’extrême droite » (Le Monde, 2 mai 2015). Y aurait-il eu des élections depuis le mois de mars ? Car cette fois, il s’agit implicitement des électeurs. A moins qu’il y ait eu un sondage sur le sujet… Sont bien convoqués un inévitable sondeur (Jérôme Fourquet, Ifop), un inévitable politologue (Pascal Perrineau) et deux sondages (CSA de 2013 et TNS Sofres de février 2015) qui… ne posent pas la question concernée. Cela n’empêche pas nos politologues de répondre à la curiosité du moment.
Tant pis si les choses ne se passent pas ainsi et s’il faut comme toutes les études de psychologie sociale le montrent qu’il faut du temps pour que les changements produisent des effets sur les consciences, ces consciences devant être entendues au sens fort puisque les intéressés n’en sont pas forcément conscients notamment au moment où les changements se produisent. On apprécie ainsi à leur valeur ces « analyses » intuitives qui se plient au temps journalistique, ces votes de paille déjà proposés aux lecteurs de la presse et à n’en pas douter le futur sondage qui sera effectué sur le sujet et qui ne vaudra guère mieux