Le « mystère » a cette année moins troublé la presse. Le doute sur le sacre continuel d’une ancienne célébrité de la variété française indifférente voire hostile aux projecteurs médiatiques aurait-il finit par atteindre des rédactions, toujours plus nombreuses ? Peut-être, même si l’on ne doit se faire aucune illusion sur leur clairvoyance face à cette preuve annuelle de la fantaisie des sondages. Les autres « enquêtes » sont-elles si différentes ?
« Mystère » rime ici avec arbitraire, la liste des personnalités soumise aux suffrages des sondés est, au choix, concoctée ou bidouillée par le sondeur et le JDD. Absent des sélectionnés après avoir demandé expressément d’en être retiré, J-J. Goldman a logiquement perdu les honneurs des deux compères plusieurs années durant. Son retour en « grâce » n’est donc, tout aussi logiquement et avant toute chose, que le résultat d’une nouvelle « opération » : son retour dans la liste des sélectionnés (manière opportune de masquer l’arbitraire qui préside à leur classement).
Personnalité politique foncièrement impopulaire durant ses mandats, Jacques Chirac a vu l’hostilité sondagière dont-il était l’objet décroitre, un peu, après son départ de l’Élysée et les révélations (en image) de sa maladie. Il n’en est pas, loin s’en faut devenu majoritairement populaire, comme le laissent entendre presse et sondeurs (cf. De la popularité en politique : l’exemple de Jacques Chirac), plus encore depuis sa mort. En comparaison, non exclusive, de l’ex-président de la République, nul doute que le manque d’aspérité de J-J. Goldman facilite grandement les attitudes plébiscitaires. Mais sauf à croire que les derniers inconditionnels du chanteur se sont donné le mot pour troller le classement (techniquement toujours possible) sa « consécration » bien repose donc aussi sur une attitude elle sans mystère, triviale, plutôt très sommaire : « aimé de tous » car très discret, inexistant publiquement ou médiatiquement, peu ou pas clivant, etc.
Il demeure un point que nous hésitons à aborder tant il est évident après toutes ces années de critiques qu’il est vain sinon d’en parler du moins d’entrer dans les détails, même s’il est crucial. Aussi nous contenterons nous en ce début de nouvelle année de le formuler sous forme de quelques questions et « sous-questions ». Si les réponses semblent évidentes nous laissons les lecteurs décider de celles qui lui semblent les plus appropriées.
Quelle personne peut bien vouloir (encore et toujours) répondre à des questions qui ne l’intéressent pas ou peu, des questions que personne ou si peu ne se posent, des questions à l’évidence biaisées et/ou sans intérêt, stupides, etc. ?
Quelle personne peut accepter continuellement ou régulièrement de répondre sans savoir, sans connaître, etc., si ce n’est n’importe quoi ou ce qui lui passe par la tête ?
Dès lors qui compose les panels des sondeurs et leurs échantillons et répond à leurs questions ?
De ce fait les critères de sélection et les quotas sondagiers sont-ils (encore) pertinents ?
Politiques, politologues et journalistes, on le sait ne sont guère sensibles, question de culture, au questionnement et à la critique scientifiques même si ceux-ci semblent parfois aller de soi. « De quoi les sondés sont-ils le nom ? » serait-il plus audible pour des professions attachées avant tout au vocabulaire et à la critique politiques ? On peut largement en douter. Peut-être est-ce mieux ainsi. Autant dire que presse et sondeurs nous réservent une année 2023 pleine de fantaisies, les leurs.