En un an, plus précisément entre le 18 mai 2018 et le 24 mai 2019 (date des derniers sondages) [1], pas moins 126 enquêtes d’intentions de vote ont été publiées. Une telle débauche pour quel bilan au final ? [2]
Au soir du scrutin, si l’on parvient à oublier le sempiternel yoyo sondagier et les flots de commentaires afférents de tous les résultats publiés au cours de cette période [3], la liste de RN conduite par J. Bardella (23.31%) devance celle de N. Loiseau de LREM (22.41%). Soit l’ordre d’arrivée indiqué par les derniers sondages. Mais à quelques dixièmes de point près seulement. Tant pis si une partie de la presse n’a jamais su renoncer à une titraille accrocheuse pour qualifier les écarts minimes (rarement plus de deux points) entre ces deux listes. Inutile d’accabler pour « si peu » les sondeurs qui ne sont pas très exigeants de toute façon quand il s’agit de s’attribuer des mérites.
Mais comme d’habitude, il fallait s’y attendre, des « miracles », des « surprises », ou pour être moins pudique que la presse, des bévues à l’image du scrutin néerlandais ou des récentes législatives australiennes [4], il y en a eu et non des moindres. L’abstention d’abord, surévaluée. Le score des écologistes de EELV de Y. Jadot ensuite, sous-évalué [5], et enfin de LR de F-X. Bellamy, surévalué [6]. Constamment ou presque et de manière significative dans les trois cas.
Les raisons de ces défaillances ? Selon les sondeurs, lorsque la presse a pensé à les interroger [7], toujours les mêmes et en premier lieu la volatilité de l’électorat. Comprendre la « faute » des électeurs et donc des sondés qui se décideraient à la dernière minute. S’ils concèdent une certaine cécité sur LR et et EELV, difficile de revendiquer un don de double vue, ils rappellent « tous en choeur » que l’outil n’a jamais prétendu à la perfection et que leurs analyses tiennent toujours compte des « éventuelles » limites de leurs mesures [8]. Question humour non plus les sondeurs n’innovent pas.
On le sait depuis longtemps les fiascos, les errements, la qualité et la fiabilité douteuses de l’instrument de travail des sondeurs ne les empêchera jamais de persévérer. Sans doute aussi parce que la presse continue à ce jour à lui ouvrir ses colonnes. Ne voyait-on pas « quelques heures » à peine après ce vrai scrutin et cette nouvelle déconvenue des journalistes se réunirent et dire ou croire que de faux scrutins donnaient des (vraies) « informations ».