Si Marine Le Pen s’est montrée relativement discrète dans son soutien apporté au mouvement, la dirigeante d’extrême droite a repris « sa » couronne de meilleur(e) opposant(e) au Président de la République début janvier 2019. Un hochet politologique décerné régulièrement par des doxosophes désœuvrés [2] si l’on se fie notamment aux destinées de leurs précédents « propriétaires » : J-L. Mélenchon sous F. Hollande, O. Besancenot sous N. Sarkozy, etc.
Il n’en fallait pas davantage pour que nombre de commentateurs y voient la principale bénéficiaire des tumultes actuels [3]. Ne manquait plus que des intentions de vote pour renforcer le diagnostic. Estimant sans doute que les premières prophéties électorales européennes manquaient de force [4] le scrutin emblématique de la présidentielle a fini « tout naturellement » par être invoqué. Et c’est le magazine Marianne (et l’Ifop) qui s’est récemment chargé de la « démonstration » à grand renfort de titraille sensationnelle, et du sempiternel « si l’élection avait lieu dimanche » et ses variantes (cf. ci-dessous).
Aucune élection présidentielle n’aura lieu dimanche. A 3 ans du prochain scrutin, une éternité en politique et pour la presse, ce type de sondage est donc une supercherie. « Le rapport de force politique à un instant T », autre « élément de langage » usité par les sondeurs en pareil cas n’est qu’une vue de leur esprit. Autrement dit un artefact produit par le sondage lui-même, d’autant plus facilement que les sondés sont incités à répondre à des questions qui ne se posent pas (ou qu’ils ne se posent pas encore sérieusement) par des paiements en bons d’achats.
La fabrication et la diffusion de ce type d’infox [5] occupent une place de choix dans le répertoire de la doxosophie, et Marianne (associée à l’Ifop) n’en est pas à son coup d’essai (cf. par ex. Conjectures et fausses nouvelles : Marine Le Pen à 30% ou la liberté de la presse selon Marianne).
La loi adoptée récemment pour lutter contre ces infox semble inadaptée, la campagne présidentielle officielle comme tout le monde le sait n’est pas pour demain. La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ne punit la publication, la diffusion ou le reproduction de fausses nouvelles, que si « elles ont troublé la paix publique » et ont été faites de « mauvaise foi ». Les sondages ne semblent pas troubler la paix publique. Reste les sottises politologiques, qui elles ne tuent pas.
Conclusion : si la direction de la rédaction de Marianne a changé récemment [6] les âneries demeurent.