Le sondeur, réputé le plus rigoureux de la profession, prédit la victoire finale d’Alain Juppé sur Nicolas Sarkozy et une participation probable au scrutin de 2,6 millions d’électeurs. Crédité de 37% des suffrages au premier tour contre 30% pour l’ex-président de la République, l’ancien Premier ministre le devancerait également au second tour (62% contre 38%). En cas de participation plus faible (1.4 million) jugée moins probable, le premier tour verrait toutefois l’écart séparant les deux candidats se réduire. Un signe pour Le Figaro qui annonce sans sourciller : "Primaire : entre Juppé et Sarkozy, le jeu reste ouvert". Conforté sans doute par les déclarations du sondeur :
« Ce sondage montre que le match n’est pas encore plié même s’il y a un vrai favori, Juppé, qui en a toutes les caractéristiques. La grande incertitude reste toujours quels seront les électeurs qui vont se déplacer » (Emmanuel Rivière, Le Figaro, 30 juin 2016).
"Grande incertitude ?" Vu le nombre des personnes réellement interrogées (296, dans le cas de la participation jugée la plus probable) c’est un doux euphémisme. Pour ne rien dire des 162 personnes sondées dans l’hypothèse d’une participation restreinte. Rapporté aux scores des candidats au premier tour, "l’écart se resserre" que croit déceler le Figaro n’en est que plus risible.
Juppé : 110 / Sarkozy : 89 ; Juppé : 65 / Sarkozy : 58.
C’est sans doute pour cette raison que la rédaction du journal a maquillé la notice détaillée du sondeur, certainement avec son accord (cf. capture d’écran ci-dessous). Une manière "rustique" de gommer l’amateurisme des extrapolations.
523 sondés = 4.6 millions d’électeurs.
296 sondés = 2.6 millions d’électeurs.
162 sondés = 1.4 million d’électeurs.
Plutôt Tartuffe que Le Cid. Autrement dit : "couvrez ces échantillons ridicules que je ne saurais voir". Peur des rires des statisticiens du monde entier ? Une première.