Comme nous l’attendions, un ou plusieurs sondages allaient annoncer la montée en puissance du candidat. C’est fait. Après des sondages contradictoires effectués sur des échantillons différents de sympathisants LR (entre 188 et 559 pour TNS Sofres [1] et 671 pour Odoxa [2]), un sondage Ifop-Fiducial-Paris Match-Sud radio portant sur 620 "sympathisants LR" vient de livrer ses informations (6 septembre 2016). Le candidat Nicolas Sarkozy se rapprocherait d’Alain Juppé (33% contre 35%).
L’opérateur a une vieille expérience de ce genre d’opérations puisqu’il avait été l’auteur du sondage de l’après meeting de Villepinte qui annonçait le « croisement des courbes » à l’avantage de Nicolas Sarkozy. On sait ce qu’il en fut. L’observatoire des sondages en avait évoqué les biais (cf. Tentative de putsch sondagier et La deuxième mort de l’IFOP), ce qui avait valu une mise en examen. Et un procès gagné.
Le sondage publié par Paris-Match et cité dans Le Monde sans esprit critique en méritera pourtant une comme permet de le vérifier la fiche technique publiée sur le site de la commission des sondages grâce à la réforme de la loi de 1977 entrée en vigueur le 25 avril 2016. En voici les premières indications :
Le sondage par internet a été effectué en 2 semaines : nous sommes bien loin de l’opinion en « un instant t », selon la formule classique des sondeurs. Cela a permis de corriger la faiblesse des effectifs de sympathisants ou d’électeurs « certains d’aller voter » à la primaire qui caractérise les sous populations d’électeurs des primaires lorsqu’ils sont isolés d’un échantillon de 1000 sondés environ. Ils ne sont plus alors que 2 ou 300. 620 sondés « certains d’aller voter », soit d’après l’Ifop 8 % des 7630 sondés initiaux (610... avant les corrections du sondeur). Chiffre dont on sait qu’il est surévalué par les précédents des élections primaires PS de 2006 et 2012 (cf. Emmanuel Rivière, directeur "Stratégies d’opinion" de TNS Sofres, Le Figaro, 29 août 2016).
Le sondage a été effectué en ligne. Quelles raisons les internautes avaient-ils de répondre ? Comme d’habitude, ces sondages sur échantillon spontané suscitent les réponses des internautes les plus motivés ce qui veut dire les plus politisés avec une sur-représentation d’internautes les plus à droite. Avec un délai de réponse aussi long, on peut même suspecter des réseaux de s’en mêler. Pour corriger cette sur-représentation, les sondeurs ont imaginé d’introduire une rémunération. Celle-ci est de un euro. Un peu faible pour motiver des électeurs modérément motivés. Il est vrai cependant que cet euro s’ajoute à un crédit nourri par de précédentes participations aux sondages en ligne de l’Ifop. En marche pour la professionnalisation des sondés. Un biais méthodologique bien connu des sociologues et statisticiens et une dérive pour une démocratie abandonnant le principe de la gratuité.
En l’en absence de toute indication on peut penser que les intentions de vote publiées n’ont fait l’objet d’aucun redressement. Rien "d’anormal" puisqu’il s’agit de la première primaire à droite, aucune élection de même nature ne pouvant servir de référence. En revanche le taux de participation (les "certains d’aller voter") a lui été redressé. Sur quel critère et dans quelle proportion ? Le sondeur ne l’indique pas, en violation de la loi d’avril 2016. La commission n’a, pour l’instant, rien dit.