Un sondage est une enquête statistique d’opinion basée sur un échantillon représentatif [1]. La proposition de loi proposait à la suite de sanctionner toutes les appellations « mensongères » comme ces votes de paille organisés pour des buts promotionnels. On comprend dès lors l’intérêt légal d’une définition.
On pensait cependant que celle-ci allait de soi pour beaucoup de gens à commencer par les scientifiques. Une expérience récente de colloque international s’est pourtant révélée décevante pour ne pas dire traumatisante. Dans une arène où étaient réunis des universitaires de plusieurs disciplines et pays, des spécialistes des sondages évoquaient les problèmes posés par l’usage massif des sondages en politique. Un public averti a priori, tellement averti que plusieurs voix s’élevèrent pour revendiquer le savoir faire sur les sondages. Chacun ou chacune avait fait des sondages, l’un évoquant sous ce terme des enquêtes sur un public particulier de collègues, un autre une évaluation par les étudiants, un autre ses études épidémiologiques.
Il fallut une mise au point un peu rude pour rectifier : aucun n’avait effectué de sondages sur des élections ou toute autre question d’opinion, nul ne s’était imposé des critères de représentativité et tous n’avaient pas travaillé sur des opinions c’est-à-dire des déclarations. Il reste à savoir si, dans un autre sens du terme, l’ignorance est représentative. Il est cependant un motif d’inquiétude : elle est souvent sûre d’elle ou ignorante d’elle-même.