Alors que le gouvernement a dépensé presque 1 milliard d’euros en vaccins, 2 récents sondages, l’un de l’Ifop pour Sud Ouest Dimanche (25 octobre 2009) et l’autre de CSA pour Marianne (7 novembre 2009) portant sur le sentiment suscité par la grippe A et les attitudes que vont adopter les personnes interrogées face à l’épidémie, font apparaître que seule une minorité nourrit une réelle inquiétude sur la grippe et « pire » encore compte se faire vacciner (18% pour l’Ifop ; 21% pour CSA). Si la ministre de la santé Roselyne Bachelot, récemment critiquée pour sa gestion de l’épidémie, n’était pas satisfaite des réponses données à ces sondages, peut-être pourrait elle suggérer aux sondeurs une nouvelle technique d’enquête pour obtenir les réponses qu’elle attend : à savoir gratifier le sondé de quelques quintes de toux ou d’éternuement de la part de l’enquêteur de terrain lors du sondage.
C’est en tout cas l’enseignement que nous livre une autre enquête effectuée cette fois aux Etats-Unis (AFP, 2 novembre 2009) et qui montre que lorsque l’enquêteur éternuait lors de l’administration du questionnaire, les réponses favorables à un effort financier particulier en matière de santé publique pour lutter contre la grippe étaient beaucoup plus nombreuses que lorsqu’il s’abstenait d’éternuer. Conclusion d’un des initiateurs de l’enquête, Norbert Schwarz, professeur de psychologie sociale à l’Université du Michigan, « le fait d’éternuer rend inquiet ». Au delà de l’aspect lapidaire de la formule, la découverte pourrait seulement prêter à sourire si elle ne révélait un aspect fondamental sous-estimé pour ne pas dire nié par les professionnels des sondages, véritable point aveugle : les relations d’enquêtes ont des effets sur les résultats. C’est justement l’un des axes centraux des recherches menées depuis plusieurs années par Norbert Schwarz et d’autres sociologues ou psychologues, etc. qui font état du caractère souvent peu cohérent, variable selon les contextes de recueil des opinions. En somme, cette enquête nous rappelle que les réponses auto-déclaratives faites sur la base du volontariat et anonymes, et donc les sondages d’opinion, sont toujours sujets à caution.