Longtemps il a fallu se contenter de ces actions pour évaluer l’opinion. Le nombre et la détermination étaient des étalons de mesure approximatifs mais les seuls disponibles. On pouvait toujours leur objecter que les manifestations sont toujours minoritaires et que seul le suffrage universel pouvait permettre de véritablement savoir dans quel sens l’opinion se prononçait. L’apparition des sondages a évidemment doublé l’intervention directe des citoyens dans les luttes sociales. La réforme des retraites a donc, comme les autres mobilisations depuis quelques décennies, été soumise au jugement de sondés. Dans l’ensemble il est largement négatif (autour de 60 % des sondés défavorables à la réforme, ie à l’allongement du temps de travail jusqu’à 64 ans : 55% pour BVA [1] ; 67% pour CSA [2] 73% pour YouGov [3], 68% pour l’Ifop [4]...
La distribution est elle-même assez claire. Très largement dominante chez les plus jeunes, la désapprobation diminue avec l’âge, Même corrélation avec le revenu, avec l’activité professionnelle, plus on s’élève en statut social et en revenu plus on est d’accord avec la réforme. Une sorte de sondage lapalisse. On est d’autant plus favorable à la réforme que ce sont les autres qui vont travailler plus et inversement. Bref, les retraités préfèrent que les jeunes cotisent plus longtemps et les jeunes que les retraités soient mien bien pensionnés. Est-il besoin de sondages pour cela ? Après tout, ce n’est que la lutte des classes sociales, d’âge, etc.