On peut espérer qu’aujourd’hui tout le monde a compris que les sondages sur les intentions de vote longtemps avant une échéance électorale ne portent pas sur des intentions de vote faute de perspective concrète de vote.
Et on peut espérer que chacun a remarqué aussi qu’à l’approche des scrutins ces déclarations d’électeurs se rapprochent de plus en plus du vote réel. Non sans corriger les chiffres bruts c’est-à-dire réellement enregistrés car, oui, les enquêtés ne sont pas complètement sincères et d’abord par rapport à eux-mêmes. Aussi depuis des années la presse, sur la foi de sondages qui ne sont pas dignes de foi nous annonce-t-elle que le FN est en tête. Et dans les semaines précédant la consultation, la même presse nous annonce que les écarts se resserrent avec les partis de gouvernement voire, in fine, que le FN est dépassé.
Illustration :
« Départementales 2015 : le front républicain offrirait une large victoire à l’UMP », RTL, 9 mars 2015.
« Départementales 2015 : l’UMP serait devant le FN au premier tour », Metronews, 9 mars 2015.
« Départementales : le FN à 30%, mais récusé par 55%, selon Harris Interactive », LCP, 9 mars 2015.
« Départementales : l’UMP-UDI surclasse le FN dans un sondage », Le Parisien, 6 mars 2015.
« Départementales : un sondage place l’UMP-UDI devant le FN », Le Point, 6 mars 2015.
« Départementales : Le FN grand favori, selon un sondage », I> télé, 2 mars 2015.
« Départementales : Le FN grand favori, selon un sondage - Le Parisien-Odoxa », Canal Plus, 2 mars 2015.
« Départementales 2015 : FN et UMP à égalité selon un sondage », Huffington Post, 1 mars 2015.
« Départementales : FN et UMP/UDI à égalité avec 29%, selon un sondage Ifop », La Dépêche, 1 mars 2015.
« Elections départementales : Le FN arriverait largement en tête, selon un sondage », 20Minutes, 1 mars 2015.
« Elections départementales : FN et UMP au coude-à-coude », Sud-Ouest, 1 mars 2015,
etc.
Le scénario est donc invariable, parfaitement illusoire et n’a strictement aucun intérêt. Pour s’en persuader il suffit de se reporter à la presse des années passées. Les journalistes politiques sont-ils donc les seuls à n’avoir pas compris ? En partie oui tant ils ont des intérêts à croire - il suffit de fréquenter les salles de rédaction pour s’en convaincre - en partie non car ils se souviennent aussi. Contradiction subsumée dans un vague cynisme professionnel : il faut bien dire quelque chose. Sans conséquences ? Pas sûr tant ces sondages sur les intentions de vote sont pour bien des sondés un exutoire qui sert le FN, des sondés songeant à s’emparer du sondage - surtout par internet - pour susciter une réaction alors que seul le FN en tête suscite l’inquiétude de la classe politique. De la pub gratuite en somme.