Ce type d’enquête est généralement effectuée par l’Insee qui récolte chaque année "les faits de délinquance dont les ménages et leurs membres ont pu être victimes” ainsi que "l’opinion de l’ensemble de la population sur des question de sécurité’ [3].
Cette « Genèse » présente tous les aspects d’une dépossession de prérogative de puissance publique, d’une mission régalienne de l’Etat, au profit d’une société privée. Si la délégation de service public à une entreprise privée est banale on peut néanmoins s’interroger sur le bien-fondé d’une telle décision quand elle concerne le recueil de données particulièrement sensibles et intimes relatives à la sécurité des biens et des personnes [4]. Voire s’en inquiéter. Est-il besoin de rappeler qu’Ipsos est tout avant un marchand de sondages et de conseil en marketing. Les assurances et garanties concernant le respect des données (RGPD), lois et directives relatives à la vie privée sont-elles en outre de nature à rassurer les personnes visées ?
D’autant que l’enquête d’Ipsos hérite du même statut que celle de l’Insee. Elle est obligatoire et reconnue d’intérêt statistique par le Conseil National de l’Information Statistique (CNSIS). Rien de moins. Pire, les mentions légales publiées à part de la présentation générale nous apprennent en outre que refuser d’y répondre peut se solder par des poursuites pénales.
Les enquêteurs d’Ipsos investis d’un pouvoir de police comme les enquêteurs du même nom. Le rêve secret, peut-être, de tout sondeur. Ne manque plus que l’obligation de dire la vérité en attendant le détecteur de mensonge ou le sérum de vérité.