Rien toutefois d’insurmontable, il leur suffisait de concocter le questionnaire de circonstance à la manière des tests de satisfaction en demandant si François Hollande avait été à leur goût après le drame (Odoxa, Le Parisien, 18 novembre 2015) [1]. Son discours et les mesures annoncées en réaction aux attentats leur convenaient-ils, en un mot avait-il été à la hauteur ? (dernière question du sondage) Réponse positive pour 73% des sondés contre 26%. Comme d’habitude, sans même aborder la pertinence de la méthode (un sondage par internet) l’absence d’intérêt des questions le dispute à la sottise.
Colère (57%), peine (40%), solidarité (31%, peur (13%), dans l’ordre. Telles seraient les principaux sentiments suscités par les attentats. Est-il nécessaire après un telle tragédie de faire d’un sondage pour avoir une idée de la teneur des réactions parmi des internautes ? Un classement au mieux futile qui ne risque pas de briller par l’invention puisqu’on ne pouvait en outre choisir que deux réponses parmi les quatre proposées.
Même remarque sur l’appel à l’union nationale, lancé par certains responsables politiques (sans précision), justifié ici par le refus des polémiques aux sujets des attentats et des responsabilités. Approuvé majoritairement (79%). A question normative, réponse normative. Sans intérêt là encore même si un tel résultat peut sembler « rassurant » quand il s’agit, après des attentats meurtriers, de tenter de préserver la décence du débat public.
Quant à la question sur les risques d’attentats liés aux bombardements, elle ressemble étrangement à un pari. Le sujet s’y prête-t-il ? On peut heureusement supposer que ces réponses n’intéressent personne.
Curieux sens de la logique de suggérer, alors que les bombardements français ont débuté au mois de septembre 2015 et que des attentats viennent juste de se produire, que des bombardements aient des « vertus protectrices ».... à l’avenir. S’agissait-il pour le sondeur de supposer que les bombardements vont, sur le long terme, affaiblir les forces djihadistes rendant leurs tâches mortifères plus difficiles ? Est-ce que certains sondés l’ont compris ainsi. On ne le saura pas. Quoi qu’il en soit ce n’est pas ce qui est écrit. 63% des sondés pensent donc que ces bombardements vont accroitre les risques de terrorisme. François Hollande pourra toujours arguer, s’il lui en prenait l’envie, que 81% de ces mêmes sondés soutiennent un renforcement (sans plus de précision) des bombardements et même dans une moindre mesure la participation à une intervention au sol en Syrie (62%. Question 3 du sondage).
Sur les mesures annoncées par François Hollande le sondage n’est guère plus « lumineux ».
On peut une fois encore douter du caractère raisonnable de réponses soutirées sans autre espèce de procès qu’un simple clic dans une case Oui/Non/NSP à des internautes ignorant pour la plupart des dispositions légales, constitutionnelles, et leurs portées pratiques. Surtout lorsqu’elles concernent des domaines délicats. Quant au sondeur s’il a douté il ne l’indique pas. Et quitte à être désinvolte autant l’être jusqu’au bout, le moment est sans doute propice pour glisser une question sur l’assouplissement des règles de légitime défense réclamé notamment par les syndicats de policiers depuis longtemps. Le rapport avec les attentats perpétrés par des assassins, preneurs d’otages, équipés d’armes de guerre et d’explosifs ? Aucun. Cela semble pourtant évident. Alors pourquoi ? Les membres des forces de l’ordre ont-ils été empêchés ou gênés lors de leurs interventions, ou inquiétés après en vertu des dispositions régissant les cas reconnus de légitime défense les concernant ? Aucune information à ce jour n’a été publiée à ce propos. Gageons donc que pour le rétablissement de la peine de mort, que les sondeurs ont ré-acclimaté depuis quelques années, il faudra attendre un prochain « sondage ».