observatoire des sondages

Le sondage d’action directe

mercredi 31 juillet 2019

Depuis l’adoption du CETA par l’Assemblée nationale le 23 juillet 2019, les attaques contre certains députés LREM favorables au traité de “libre-échange” entre l’Union Européenne et le Canada se sont multipliées, leurs permanences vandalisées. Ces opérations “coups de poing” avaient été précédées par la publication de sondages tous défavorables au traité, mais tous biaisés voire truqués, comme ceux publiés depuis.

Sans même parler des habituels défauts (majeurs) liés au mode d’administration la question préalable à toute autre, question "de bon sens", sur la connaissance de la teneur du traité ne figure que dans une seule enquête en ligne publiée fin juin. 32% des sondés affirmant « voir précisément ce dont il s’agit » (Harris interactive 24 juin 2019).

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Même amputé des deux tiers, ce qui n’est guère surprenant, impossible d’évaluer sérieusement la sincérité de l’échantillon puisque le sondeur n’a pas cherché à en savoir plus. Au moins est-on fixé sur la valeur du sondage qui prétend (entre autre) que « Six Français sur dix (62%) souhaitent aujourd’hui que la France mette fin à ces projets d’accords » : nulle ou presque. Diagnostic identique pour « Les Français et le libre échange d’OpinionWay publié par Les Echos et Radio-Classique le 29 juillet, et présenté le lendemain à »coups de camembert« sur le plateau de »24h de Pujadas l’info en question". Intitulé d’émission abusif (au moins dans le cas présent), puisque seule la notoriété des traités (leur dénomination) a été évaluée et non leurs dispositions.


Un grand classique dans le catalogue de biais des sondeurs d’opinion : l’ignorance du sondé. Sur le CETA l’Ifop a résolu le problème à sa façon, interrogeant les sondés « avant et après explication ». Explication ? Non. Deux insinuations sans la moindre preuve ni démonstration et sans rapport avec le traité. Le mensonge n’est pas loin. Une « opération » couronnée de succès puisque le traitement de l’Ifop fait fondre le pourcentage initial de sondés favorables au traité de 50% à 26%.

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De quoi combler d’aise le commanditaire de cette grossière manipulation et farouche adversaire du traité : François Ruffin, député LFI, rédacteur chef (en poste) et fondateur du journal Fakir.

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A ceux qui s’étonneraient qu’une telle carpe puisse « s’amouracher » d’un tel lapin on leur rappellera que la réputation de professionnel du push poll de l’Ifop n’est plus à faire, que le « mercenariat » est une composante essentielle de l’activité commerciale des sondeurs qui n’exclut pas des offres de service gratuit en vue d’éventuelles futures collaborations, et enfin que les politiques ne goutent que les sondages aux résultats flatteurs ou qui les arrangent.

Ici une étape a néanmoins été franchie. Un élu de la République (François Ruffin dirait « élu du peuple ») se réclame d’un sondage (Certains y entendent la voix du peuple) qu’il a lui même truqué pour que les résultats lui conviennent, pour mieux contester la décision d’autres élus de la République qui ne lui plairait pas. Singulière conception de la démocratie.

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