Y aurait-il une élection présidentielle en cour ? On pourrait le croire en découvrant le sondage Ifop-Fiducial-Europe1 sur les intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle si « celle-ci avait lieu ce dimanche » (Cf. Europe1, 18 avril 2013). Alors que la dernière élection présidentielle a moins d’un an et que la prochaine est prévue dans quatre ans, il faut donc en conclure que les auteurs jouent à nouveau à ce jeu absurde qui consiste à poser des questions qui ne se posent pas [1].
Le jeu est pourtant sérieux. Tant pis si un échantillon de volontaires recruté par internet n’est pas représentatif (ni socialement, ni politiquement), tant pis si les internautes sont rémunérés, tant pis s’ils ne comprennent rien au jeu qu’on leur fait jouer (tout le monde ne peut être compétent en matière de sondages), il y a un résultat fort prévisible dans le contexte actuel et dans le type de manipulation que constitue un tel sondage. Une partie de la presse, en partie parce qu’il est encore des journalistes incompétents, en partie parce qu’elle participe délibérément à la manipulation, reprend donc que Nicolas Sarkozy l’emporterait aujourd’hui contre François Hollande si l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui. Une fausse information ou un pseudo événement qui ne sera jamais démenti, bien sûr. Faute de régulation des sondages, ce genre de contribution des sondages à l’entreprise de déstabilisation du pouvoir continuera.
Sondages neutres ? Démocratiques ? Ni l’un ni l’autre. Évidemment cela n’a aucun rapport avec les entreprises qui font et paient le sondage, ni Europe 1, une radio privée dont la ligne éditoriale est forcément objective, ni l’Ifop le sondeur favori de l’Elysée de M. Sarkozy [2] ni Fiducial, une entreprise de conseil fiscal dont on se demande ce qu’elle fait là mais dont on sait le Pdg a des « affinités idéologiques avec l’extrême droite », une information qui vient de valoir à l’auteur de ses lignes une mise en examen (cf. Le directeur de l’Observatoire des sondages mis en examen).