Opinionway a manifesté ces derniers mois, plus que ses concurrents, les autres sondeurs, un zèle particulier à publier des enquêtes favorables au président de la République (quitte à truquer certaines d’entre elles [1]), ou quand cela n’était manifestement pas ou plus envisageable, ménageant le plus possible la politique gouvernementale.
Grâce à la Cour des Comptes [2] on connaît maintenant, pour l’année de 2008 du moins, le prix des affinités électives entre les dirigeants de cette entreprise et Nicolas Sarkozy : 392 288€. L’attention de la Cour, qui n’a pas vocation, faut-il le rappeler, à évaluer la qualité scientifique des études effectuées, relève cependant une petite « curiosité ». Les prestations sondagières élyséennes d’Opinionway, sollicitées par un cabinet d’études et de conseil en charge de la stratégie de communication de Nicolas Sarkozy [3]), sont dans leur grande majorité strictement identiques à celles que publie par ailleurs, sous l’appellation Politoscope, Le Figaro en collaboration avec LCI et Opinionway justement. La Cour s’étonne donc de l’utilité de telles études, déjà publiées dans la presse, sous entendu (peut-être) déjà payées par ailleurs, accessibles à un tout chacun et sans caractère d’exclusivité. Comme le suggère à sa manière, le journal Marianne, il serait sans doute plus économique de se « contenter » de la simple lecture des résultats dans Le Figaro ou de regarder la chaine de télévision LCI. A moins de sous-entendre, ce que se garde bien de faire la Cour des Comptes, que le Politoscope du Figaro-LCI soit également financé par l’Elysée. Une sorte de soutien à la presse en somme.
Quoi qu’il en soit, fort de ces remontrances et au vu du rapport de la Cour des Comptes, l’Elysée s’est engagé à clarifier ses liens avec « son » cabinet d’études, à qui il a été demandé par ailleurs, en tant que passeur d’ordre de sondages d’opinion, de veiller à ce qu’Opinionway lui livre via son Politoscope, des « rapports distincts » de ceux publiés par Le Figaro, formule pour le moins sibylline. Affaire à suivre.