Sujet commun de plusieurs médias français : le retour de Nicolas Sarkozy. N’ont-ils donc rien à dire plus de 4 ans avant une échéance électorale ? Symptôme supplémentaire de la misère politique française, les médias relaient les questions de la classe politique, des questions de personnes et d’ambitions. Il suffit d’une déclaration sur les ondes d’un ancien premier ministre, d’une ancienne « première dame » et c’est parti. Un distingué et fort connu professeur de science politique, Maurice Duverger, évoquait dans ses cours d’amphis, « les bruits de chiottes » de la capitale. Croirait-on que cela soit l’origine des préoccupations de nos dirigeants et de nos commentateurs ? Eh bien oui. Il faut savoir comment sont écrits ces papiers qui résonnent des échos des dîners de la veille, des confidences téléphoniques et de la veille médiatique (sur les papiers des collègues). Est-ce ce que l’on apprend dans les écoles de journalisme ?
Et bien entendu, il faut à cela un sondage pour savoir ce qu’en pense « le peuple ». On a un instrument pour cela, le sondage instantané, qui permet de traduire immédiatement la vox populi. Pas d’embarras de méthode, il faut aller vite. Un sondage BVA pour la chaîne d’information en continu iTélé (14-15 février 2013) a donc été exécuté par téléphone et par internet. Il faut aller vite… Le sondage est un peu dérangeant pour un ex-président dont on sait qu’il avait les yeux rivés sur les sondages, du temps où l’Etat les payait pour lui, et dont on nous dit qu’il les suit toujours, sachant quels sont « ses résultats ». Il a dû se sentir fort marri en découvrant que parlant de son retour, et n’y étant sans doute pas tout à fait pour rien, « les Français » ne le souhaitaient pas pour 62 % et le souhaitaient pour 35 %. Peu de gens sans avis, 3% seulement, la part téléphonique du sondage puisque, dans le sondage par internet, personne n’est sans avis. Pas de surprise sur la corrélation entre les positions politiques et l’opinion sur un éventuel retour : à gauche, on est contre, à droite pour. Rassurant… Le résultat est globalement mauvais mais l’ex-président peut toujours se rassurer en constatant l’amour persistant de ses anciens électeurs en mal de chef. D’ailleurs, faisant fi du mauvais signe, son fidèle Brice Hortefeux a feint d’y voir un bon signe, « un message affectif » (AFP, 17 février 2013). Il donne en tout cas la recette d’un éventuel retour : la crise de l’UMP est le meilleur espoir de Nicolas Sarkozy. Encore près de 4 ans à tenir. Voila en tout cas, les inférences élémentaires des spin doctors et le niveau ordinaire des stratégies politiques. Même si ces questions ne se posent pas aujourd’hui, on ne se passera pas d’une opinion publique instantanée pour l’info en continu.