Quand les sondeurs et les journalistes comprendront-ils ce qu’est un artefact ? Jamais semble-t-il à en juger par ce résultat d’un sondage Harris Interactive-Grazia (4 janvier 2013) qui assure que 63 % des Français ne souhaitent pas que Ségolène Royal intègre le gouvernement Ayrault. Passons sur l’inintérêt de la question, sur le passage du questionnaire par Internet, ce qui permet à Harris Interactive de saouler la presse de questions stupides, pour s’en tenir à ce pourcentage. Le pourcentage a agrégé les effectifs de ceux qui sont hostiles au gouvernement Ayrault et de ceux qui sont hostiles à Ségolène Royal mais favorables au gouvernement Ayrault. Bref, une telle question génère forcément une majorité composée d’opinions contraires. Un artefact élémentaire qui mérite qu’on s’y arrête seulement parce qu’il pose de vraies questions (pas celles des sondages) sur l’intelligence des professionnels de l’information et sur les effets éventuels que la répétition de telles opérations produisent sur l’intelligence des citoyens.
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