observatoire des sondages

L’Observatoire des sondages reprend son activité

mardi 1er mars 2016

L’intelligence ne consiste-t-elle pas à se fixer en même temps sur deux idées contradictoires, sans pour autant cesser de fonctionner ? On devrait, par exemple, pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir et, cependant, être décidé à les changer

Francis Scott Fitzgerald, La fêlure.

Après le jugement de la Cour d’Appel de Paris infirmant celui de la 17e chambre du tribunal de grande instance qui avait condamné la société Fiducial et son gérant Christian Latouche pour procédure bâillon, l’Observatoire des sondages a suspendu son activité afin de démontrer que les poursuites bâillons existent bien et le temps de prendre des mesures financières. Le coût de telles poursuites pour des citoyens agissant bénévolement face à des entreprises riches n’a même pas besoin d’être souligné. Il appelle des mesures législatives appropriées.

En les attendant, l’Observatoire a fait appel au soutien financier du public afin de se doter d’une réserve financière permettant d’affronter un nouveau procès. C’est chose faite. L’Observatoire remercie celles et ceux qui ont marqué un soutien à la fois financier et moral. L’un et l’autre sont aussi nécessaires quand il est plutôt ingrat de s’en prendre ordinairement aux clichés, fausses informations et manipulations de la vie publique.

Il y a une autre raison de ne pas cesser notre activité dans les temps actuels. Les sondages prennent irrésistiblement une place croissante dans les représentations du monde. Ainsi, la prochaine élection présidentielle en France s’annonce inédite : les sondages vont jouer le rôle déterminant. Ce qui échoua à plusieurs reprises, en 1969 avec Alain Poher, en 1981 avec Michel Rocard, en 1995 avec Edouard Balladur, va selon toute probabilité se produire en 2017. Les sondages avaient été alors contrebalancés par les partis politiques. Ceux-ci étant en état de décomposition avancée et avec les primaires, il ne reste donc plus que les sondages pour « faire un président ». Sans doute n’est-ce qu’une péripétie dans le progrès de la domination libérale qui se prévaut d’une opinion publique frelatée pour imposer ses oukases. C’est néanmoins une raison supplémentaire de continuer la tâche autant qu’on le peut.

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