observatoire des sondages

Les sondages et les « gilets jaunes »

jeudi 6 décembre 2018

Avec le mouvement des gilets jaunes comme avec les mouvements sociaux précédents, le succès du mouvement est couramment relié au soutien des Français. Du moins les médias l’affirment-ils au fil des jours. En ce mois de décembre 2018, le mouvement de protestation serait largement soutenu par les Français et de surcroit la cote de popularité des Président et Premier ministre serait en chute libre.

On ne dit pas au public qu’en fait de Français ou d’opinion publique, il s’agit de sondages. Soit. Tout le monde est censé le savoir. On ne dit pas non plus que « les Français » ne sont qu’un millier de personnes environ interrogées par internet et volontaires pour s’exprimer et/ou pour gagner une petite gratification. D’ailleurs les commentateurs le savent-ils ? Représentativité affirment les sondeurs. On aura du mal à croire qu’il soit possible de faire un échantillon représentatif sur la base du volontariat puis du hasard dans des circonstances de polarisation où le sondage apparente autant à un vote pour lequel il faut être motivé.

Acceptons le verdict de la faveur de l’opinion publique, il faudrait savoir quelles en sont les motivations : difficultés des fins de mois assurément, accord pour payer moins cher l’essence - d’ailleurs tout le monde ou presque est d’accord dès qu’il a une automobile - hostilité partisane, etc. Quant à la baisse de popularité de l’exécutif est-ce un accord avec les gilets jaunes, un désaveu de la politique du pouvoir en particulier ou en général, un désaveu de la manière de traiter la question, un appel à la répression, etc. Autrement dit, des motivations différentes sinon contraires s’additionnent. En décembre 1995, le mouvements des cheminots avait profité d’un soutien de ’l’opinion" en fait généré par l’addition des sondés en faveur des leurs revendications et des sondés pressés de voir revenir le calme et la liberté de circulation au prix d’un recul du gouvernement. Tant mieux pour les cheminots qui ont obtenu leur succès en partie par une fausse information, faute d’explication.

A propos, puisque les sondages refont florès après plusieurs mois de discrétion, on pourrait évoquer les sondages confidentiels commandés par le gouvernement sur les effets attendus d’une hausse des taxes sur les carburants. Comment ! Ils n’avaient pas donc vu les risques...

Lire aussi