observatoire des sondages

Critiques de la critique des sondages : Toujours rien

vendredi 3 juillet 2009

Comme nous le signalions précédemment [1], il y a tout lieu de penser que la grâce de la vigilance épistémologique qui a touché Henri Guaino lors de sa lecture du récent sondage Ifop/JDD relatif à l’emprunt qu’envisage de lancer le gouvernement français, n’est que le fruit des « mauvais chiffres » dudit sondage. On peut en effet présumer sans trop de risque que ses rappels n’ont de méthodologiques que le nom et que son exigence de rigueur scientifique aurait été plus silencieuse si les réponses faites à l’Ifop lui avaient convenu.

La critique de Henri Guaino, a suscité, comme à l’accoutumée, des réactions de la part des sondeurs [2], dans le cas présent, l’Ifop responsable de « l’idiotie » en question et Opinionway, auteur quasiment simultanément d’un autre sondage moins « catastrophique » sur le même thème. Le JDD par la voix de Claude Askolovitch se "contente" d’un « Henri Guaino a le droit d’avoir son opinion sur les sondages que nous sommes libres de commander et de publier ». Bruno Jeanbart, directeur des études politiques d’Opinionway coupe court à tout commentaire par un expéditif et toujours très pratique : « On est habitué aux critiques des politiques ». Il fait cependant une bien curieuse proposition, puisqu’il évoque l’éventualité de procéder d’ici quelques temps à un nouveau sondage. Les sondeurs qui produisent des "mauvais" chiffres, déplaisant à leur commanditaire, seraient-ils à leurs tours touchés par le syndrome du traité constitutionnel de 2005 ? Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion et stratégie à l’Ifop, évoque également les réactions classiques des politiques "D’autres hommes politiques ont fait des sorties récemment sur les sondages". Ça fait partie du jeu politique et l’on en prend bonne note mais il affiche une prudence toute politique en affirmant : "Ce sondage n’est pas une étude de marché et n’a pas valeur d’étalonnage". Enfin l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin ne fait pas dans la demi-mesure, puisqu’il compare sans sourciller les sondés à des électeurs, dont on ne saurait critiquer les choix, profitant donc opportunément pour rappeler à Henri Guaino qu’il n’est pas un élu : "Quand vous faites de la politique et que vous commencez par dire que les électeurs sont stupides ça ne me paraît pas être le bon chemin" [3]. Est-ce à dire que Jean Pierre Raffarin comparera bientôt un sondage à une élection ?...A suivre.

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