observatoire des sondages

Des post-tests pour le moral

vendredi 3 février 2012

A peine Nicolas Sarkozy avait-il disparu des écrans le dimanche 29 janvier 2012, que trois sondeurs faisaient les post-tests auprès d’internautes (Ifop-Jdd, 30 janvier 2012 ; Harris Interactive-LCP 30 janvier 2012 ; BVA-Orange-PQR-RTL, 1 février 2012). Avec 16,6 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie, c’était un succès se félicitait la presse, notamment télévisée, portée à interpréter ces chiffres comme son propre succès, peut-être celui du président mais pas comme celui de la multi-retransmission et du prime time (un record de 9 chaînes un dimanche soir) [1].

Les résultats des post-tests n’ont pourtant été guère favorables puisque Nicolas Sarkozy n’a pas été jugé convaincant par une majorité des sondés de l’Ifop (51%), de BVA (57%), et d’Harris Interactive (54%). Ces chiffres sont d’autant plus mauvais que, comme le note au passage l’Ifop, ce sont évidemment les sondés les plus favorables au président de la République qui ont été les plus nombreux à voir l’émission jusqu’à la fin.

On n’attendait aucune remarque sur les défauts des post-tests concernés : ni qui sont les internautes assez "motivés" pour répondre immédiatement à des enquêtes en ligne après un longue émission politique, ni sur la faiblesse numérique des échantillons (260 pour celui de l’Ifop et 530 en comptant les sondés ayant vu une partie de la retransmission), ni sur la composition de ces échantillons (gonflés jusqu’à 877 en intégrant des internautes n’ayant pas vu l’émission, sans indication du nombre, pour Harris Interactive).

Et puisque les bons résultats pour le président n’étaient pas dans les sondages, les sondeurs ont insisté sur les chiffres d’audimat comme BVA qui "souligne" que 58% de la population a suivi sa prestation télévisée et qu’un tiers des Français l’a regardée en totalité : « un carton d’audience ». Un sondage en grandeur nature en somme. Nul doute que ce zèle a été apprécié par le premier rôle dont on nous dit que cette fois encore, quels que soient les résultats, il a été : "revigoré par le succès d’audience de son émission de dimanche et les retours que lui en ont fait les sondeurs" (Le Monde.fr, 2 février 2012).


[1TF1, France 2, BFM TV, iTélé, LCI, France 24, TV5-Monde, LCP-AN et Public Sénat.

Lire aussi

  • Les sondeurs et la post-vérité

    4 avril 2019

    L’activité de sondeurs est-elle une activité de menteurs ? C’est la question que l’on peut se poser suite à la brève interview diffusée le 2 avril 2019 dans l’émission « Quotidien » animée par Yann Barthès (...)

  • Post-Brexit : le silence et l’oubli

    25 juin 2016

    Résultat définitif du référendum Sortie de l’Union européenne : 51,9% Maintien dans l’Union : 48,1%
    Les sondeurs (britanniques) se sont trompés, une fois de plus. Dans l’ensemble, la presse qui, le matin (...)

  • Sondages pour rien

    30 avril 2013

    C’était promis, juré. Après la frayeur qui leur fut causée par la proposition de loi sénatoriale sur la régulation des sondages, les sondeurs avaient assuré qu’ils avaient corrigé leurs pratiques. Plus (...)