On ne contestera pas l’intérêt du problème abordé par le sondage Ifop-Deloitte sur les perspectives d’avenir des jeunes diplômés français mais plutôt les faibles moyens d’une enquête bien rapide pour une question aussi grave (25 février 2013). Un remède à la défaillance des grands services statistiques d’Etat ? Cette enquête auprès de 1005 jeunes ayant eu un diplôme, de bac à bac + 5 depuis 3 ans, n’obéit pas à des critères de représentativité, ce qui ne l’empêche pas d’être plus intéressante que la plupart des enquêtes satisfaisant ces critères. L’usage d’internet est moins contestable que d’habitude alors que cette population est presque totalement constituée d’usagers. Sans doute, la disponibilité conduit-elle les sans emplois (45% de l’échantillon soit 452 personnes) à s’exprimer plus que les jeunes ayant déjà un travail. Cela contribue probablement à amplifier un mouvement amenant les jeunes à envisager un avenir professionnel à l’étranger : 27 % d’entre eux, soit 14 points de plus que l’année précédente. A ce rythme, ce n’est plus le brain drain plus fantasmatique que réel dont on parlait il y a un demi siècle mais un exode à prévoir. Cette opinion est corrélée à des faits concrets qui sont l’allongement du temps de recherche d’un emploi et autres indices du manque d’emplois.
On ne sera donc pas étonné si les jeunes envisagent de plus en plus de partir travailler dans les pays qui offrent des emplois. C’est un gaspillage économique pour un pays que de payer la formation de diplômés qui partent massivement à l’étranger. S’agissant d’une simple réponse au chômage des jeunes, c’est déjà le signe d’un échec personnel. Ce n’est plus l’expérience recommandée d’une carrière internationale riche et valorisante. Ainsi, les enseignants conseillaient-ils volontiers à leurs étudiants de « voyager », d’entreprendre une carrière internationale comme une expérience professionnelle et humaine, les voilà aujourd’hui enclins à conseiller à ces étudiants de quitter un pays qui n’a pas grand-chose à leur offrir pour des rivages plus accueillants, leur proposer non pas de s’expatrier mais d’émigrer. La réalité est amère, si grave qu’il faudrait beaucoup plus qu’une enquête vite faite pour comprendre mieux et affronter l’exode.